samedi 31 mai 2014

Un été 44...


Il y a 70 ans, un formidable espoir naissait sur les plages de Normandie. Le Débarquement si longtemps espéré était en marche. Ils étaient anglais, américains, canadiens, français, souvent jeunes. Beaucoup y laisseraient leur peau mais pour qu'en Europe, l'heure de la libération puisse enfin sonner.



Il y a de cela 70 ans, dans la nuit du 5 au 6 juin, une imposante flotte quitte ses ports de la côte anglaise et galloise pour se regrouper en un point situé au milieu de la Manche au Sud-Est de l’île de Wight, appelé laconiquement  Picadilly Circus. Cinq forces qui correspondent aux noms de code des zones de débarquement  Utah ,  Omaha ,  Gold ,  Juno  et  Sword  la composent. De là, le convoi naval se dirige vers les côtes françaises à travers les chenaux aménagés par les dragueurs de mines qui le précédent. C’est l’opération  Neptune  pilotée par la  Royal Navy.

L'opération n'est pas bénie des cieux. Depuis plusieurs jours, il fait gros temps en Manche.  Vent, paquets de mer, pluie forte. Un vrai temps de sauveteur breton, une météo à ne pas mettre un seul homme sur le pont.

Cette armada, la plus importante jamais imaginée, se compose de  6939 bâtiments  dont : 1213 navires de guerre, 4126 bâtiments de débarquement, 736 bâtiments de servitude et 864 navires marchands. Au dessus d'elle,  11590 appareils  zèbrent le ciel : 5050 chasseurs, 5110 bombardiers, 2310 avions de transport, 2600 planeurs et 700 avions de reconnaissance. Bientôt, au ronflement des moteurs qui s'amplifie chaque minute un peu plus, s'ajoutera le sifflement strident des chapelets de bombes.

Dès le  jour J , une dizaine de divisions alliées va réussir à débarquer au prix d’actions héroïques et sanglantes et établir une tête de pont avec toute la logistique indispensable à une offensive de longue haleine. Autour de Caen, les Allemands résisteront un mois mais à la fin juillet, et soutenus par les actions de sabotage de la Résistance,  1.500.000 hommes  auront pu débarquer en Normandie.

Mais le  Débarquement  ne signifie pas la fin des souffrances pour le vieux continent. La France connaîtra encore les martyres d’Oradour sur Glane et du  Vercors  et il faudra attendre près d’un an avant la capitulation définitive de l’Allemagne nazie mais sur les plages de Normandie va renaître ce formidable espoir qui fait taire les armes.



Un été 44...  Un dossier de Radio France Multimédia (mise en ligne 1er mai 2004 à l'occasion du 60° anniversaire).
Textes :  Gérard CONREUR et pour Paroles du Jour J : Jean-Pierre Guéno.
Crédits photo :  Paroles de Jour j-Ed les arènes, Les Orphelines de Normandie-Ed Circonflexe, Archives Normandie 1939-1945.


La nécessité d'un second front à l'ouest



Durant la Seconde Guerre mondiale, Américains et Soviétiques se partagent déjà le monde. Au front de l'Est répond un front de l'Ouest. Se fixe alors une  logique des blocs qui aboutira à Yalta.

Le  4 juin 1942, deux ans pratiquement jour pour jour avant le Débarquement de Normandie, marque un tournant dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Il y a plus de trois ans que le monde est en guerre. Les Etats-Unis longtemps attentistes, ont été entraînés dans le conflit après Pearl Harbor. Ils constitueront désormais ce fameux arsenal des démocraties bien plus que n’aurait osé l’imaginer Franklin D. Roosevelt avant le 7 décembre 1941 -   a date which will live in infamy   selon son discours au Congrès au lendemain de l'attaque nippone.

Avec les Etats-Unis dans la guerre, c’est la première puissance économique mondiale qui s’est mobilisée or en ce 4 juin 1942, les Américains remportent la victoire navale de  Midway  dans le Pacifique. Une victoire remportée alors que les puissances de l’axe n’ont jamais été aussi fortes et sûres d’elles. Jusqu’à ce jour, Allemagne, Italie et Japon ont accumulé victoire sur victoire. Avec Midway, la roue vient de tourner, c’est un coup de semonce, peut-être un coup d’arrêt et pour les alliés un formidable espoir qui vient de naître même si la route du  sang, de la sueur et des larmes  selon les termes de Churchill sera encore bien longue.

Pour la petite histoire, l’archipel corallien de Midway constitué des deux petites îles est situé au beau milieu du Pacifique comme l’indique en anglais son nom :  à mi-chemin  or la victoire de Midway, se situe chronologiquement cette fois, à mi-chemin de la Seconde Guerre mondiale…

Durant l’hiver 41 et le printemps 1942, sur le front de l’Est, l’armée rouge marque des points devant Moscou et en Crimée mais rien n’est acquis. La supériorité de la Wehrmacht reste inébranlable même si elle souffre terriblement de ce froid russe qui fait éclater les réservoirs de ses  Panzer . Alors Staline va prendre l’initiative. En août 1942, il rencontre à Moscou, Winston Churchill et William Averell Harriman, chargé de missions diplomatiques du président Roosevelt. C’est la première fois, qu’à ce niveau de décision, on tente de fixer les axes d’envergure qui marqueront le cours de la guerre. Ce que Joseph Staline demande à ses deux interlocuteurs tient en quelques phrases : l’armée rouge montre des signes d’épuisement car elle supporte à elle seule toute la contre offensive du front de l’Est. Son action est déterminante puisqu’elle monopolise et bloque sur place de nombreuses divisions allemandes. Bientôt, dans deux semaines, ce sera le début de la bataille historique de  Stalingrad  qui marquera en février 43, le premier revers cuisant pour le Reich allemand définitivement stoppé à l’Est mais en attendant et pour permettre aux forces soviétiques de « souffler », il faut que les alliés ouvrent sans tarder un  second front ,  à l’Ouest  cette fois.

Ce second front, c’est une logique pénétration du continent européen par un débarquement sur les côtes de France comme l’a toujours souhaité Winston Churchill.

Sur le plan géopolitique, c'est aussi l'amorce d'un futur partage du monde, entre l'Est et l'Ouest, entre URSS et USA et qui entérine un peu plus le déclin annoncé du continent européen.


19 août 42 : le sacrifice de Dieppe


Parmi les pages les plus noires de la Seconde Guerre mondiale, le Débarquement de Dieppe. Des questions sans réponse autour d'une tragédie "utile" ?

Hasard du calendrier ou non, quelques jours après la rencontre de Moscou,  le 19 août 1942 , sur les plages de Dieppe dont le port a été puissamment fortifié par les Allemands, débarque un commando allié composé de 5000 Canadiens, 2000 Britanniques, des détachements de soldats américains et Français de la zone libre mais un bâtiment allemand faisant route vers Boulogne-sur-mer a repéré le convoi et donné aussitôt l’alerte. 


Ce débarquement va tourner à la tragédie sous le feu nourri des batteries côtières. Les affrontements d’une rare violence dureront moins d’une journée mais feront 1200 tués dont une grande majorité de Canadiens, 1600 blessés et plus de 2000 prisonniers. Quant à la RAF, elle a perdu 107 appareils tandis que l’on déplore une cinquantaine de morts et une centaine de blessés parmi la population civile de Dieppe. Pour sa part, l’armée du Reich compte 350 morts et autant de blessés. Le bilan est très lourd.

Alors, certes l’effet de surprise a été brisé ; les alliés étaient attendus et n’avaient aucune chance de l’emporter mais d’autres questions se posent.  Pourquoi seuls  27 chars sur 50  ont-ils pu débarquer ? Pourquoi certains furent-ils incapables de manœuvrer sur les plages ? Pourquoi les renforts demandés et attendus aux moments les plus critiques de l’opération ne sont-ils jamais parvenus ?

Parmi les victimes, Robert Boulanger dont voici la dernière lettre :



Chers papa et maman
Je continue ma lettre à bord de notre péniche d’assaut, qui nous amènera à notre cible. Nous sommes chanceux, car la mer est très calme, la température ainsi que le temps sont au beau. L’on nous dit que l’engagement avec l’ennemi prendra place vers 5h30…   Robert Boulanger, le Québecquois, venait d’avoir 18 ans lorsqu’il participe à l’Opération Jubilee, du débarquement de Dieppe en août 1942. Une balle le frappe en plein front avant même qu’il n’ait posé le pied à terre. En même temps qu'ils recevront cette lettre posthume, ses parents recevront un télégramme officiel :   Regrettons profondément vous informer soldat Robert Boulanger, matricule  DI 14862, antérieurement porté disparu au combat maintenant officiellement porté tué au cours de l'engagement dix-neuf aout 1942... 

Le raid de Dieppe visait-il à  établir une puissante tête de pont pour ouvrir ce fameux "second front"  à l’ouest demandé par Staline comme l'affirme la presse de la collaboration ? Cela semble peu probable. L’opération dont la méthodologie et la finalité resteront très controversées se solde par un bilan dramatique mais si elle pose une quantité de questions à jamais sans réponse, elle s’avère aussi particulièrement riche en informations de toutes sortes et sans doute était-ce bien là le but majeur de cette mission.

Dans les grands états-majors de guerre, la décision ne serait pas prise de gaieté de cœur mais seule une opération de cette nature, en vraie grandeur, permettrait de tester la capacité de riposte de l’ennemi, la stratégie de son système de défense, ses points faibles, mais aussi la profondeur de l’eau et la nature des courants afin d’adapter au mieux les performances de tous les engins et barges de débarquement.

Après Dieppe, rien ne sera plus laissé au hasard. On étudiera même la consistance précise du sable des plages de Normandie de façon à éviter que la prochaine fois, celle du D-Day, les chars et les jeeps ne s’enlisent plus sur les plages constituant ainsi autant de cibles vulnérables face aux batteries allemandes.

Après Dieppe, les plus hauts responsables alliés, en particulier Winston Churchill, estimeront avoir acquis là une expérience irremplaçable en vue du débarquement de 1944.

A Téhéran, fin 1943, Roosevelt, Staline et Churchill confirment le plan d’un vaste débarquement à l’ouest. Les opérations seront confiées au général Dwight Eisenhower, nommé commandant en chef des forces de libération. Le maréchal Montgomery sera commandant en chef des armées britanniques de libération.

Le Débarquement interviendra le 5, le 6 ou le 7 juin 1944 (selon la météo et les coefficients de marée) sur les plages de Normandie.

Pourquoi la Normandie ?


Pour les stratèges allemands, les Anglo-américains débarqueront dans le  détroit du Pas-de-Calais. De nombreux paramètres techniques et géologiques plaident en ce sens.

Les côtes de Bretagne ou à l’opposé celles de Hollande sont trop éloignées du rayon d’action de l’aviation et notamment des  Spitfire  britanniques. Par ailleurs, les abords de la Bretagne sont dangereux et présentent peu de possibilités de débarquement « à plat ».

La géologie de la Hollande et ses terres facilement inondables se prêteraient mal à une opération navale de grande envergure. L’objectif du débarquement vise aussi à faire route vers Berlin. Là encore, si la Hollande présente quelques atouts de proximité avec l’Allemagne, le Pas-de-Calais constitue globalement encore le meilleur choix.

On pourrait ajouter de nombreuses autres bonnes raisons qui discréditent volontairement la thèse d’un débarquement en Normandie : l’échec du raid de Dieppe anglo-canadien d’août 42 par exemple.

 Enfin, les Allemands vont avoir les yeux rivés sur le Pas-de-Calais parce qu’ils vont être victimes d’une des plus habiles entreprises de désinformation de toute l’histoire de la Seconde Guerre mondiale ; l’ opération Fortitude  selon laquelle un débarquement à Calais est imminent. A cette occasion, les alliés vont « laisser » quelques vols de la Luftwaffe survoler le Kent. La moisson de photographies sera impressionnante : grand quartier général imaginaire pour le groupe d’armée Patton dont les Allemands redoutent la combativité légendaire, énormes concentrations de chars, d’avions et d’engins de débarquement, autant de leurres construits en contreplaqué, carton-pâte, caoutchouc, etc.

De plus, les Britanniques avaient réussi à capturer l’ensemble des agents allemands opérant en Grande Bretagne et à les « retourner » (les faire travailler pour eux). Devenus agents doubles, ils participeront à leur tour à cette grande supercherie.

Lorsque l’opération Overlord aura commencé, des petites embarcations émettront encore de puissants leurres radar simulant d’imposants bâtiments de guerre pour continuer à faire croire qu’une flotte est en marche dans le détroit du Pas-de-Calais.

L’un des messages personnels de la radio de Londres à destination de la Résistance ;  les sanglots longs des violons de l’automne  avait été correctement interprété par un officier de renseignement allemand de la 15ème Armée mais sans doute crut-on que les alliés voulaient ainsi faire diversion et détourner une nouvelle fois l’attention des allemands de l’imminence d’opérations dans le Pas-de-Calais ?

Enfin d’autres raisons plaideront pour la Normandie : les côtes présentent de nombreuses similitudes avec celles de l’Ouest de l’Angleterre. En attendant le D-Day les soldats pourront donc s’entraîner et l’on pourra également tester la résistance et l’adaptation du matériel dans des conditions proches du réel. C’est aussi là l’un des enseignements tirés du raid de Dieppe.


OVERLORD : une opération parmi des dizaines d'autres


La Seconde Guerre mondiale s’est caractérisée par la place accrue faîte au renseignement mais aussi à la désinformation dans un camp comme dans l’autre. Partout, on cherche à se renseigner ou à renseigner mais aussi et surtout à désinformer selon une échelle qui va du  laisser penser  au  faire croire . Il faut  brouiller les cartes  ou  encore  semer la confusion.

La guerre psychologique confine au grand art et le renseignement vire à l’Intelligence. Au bout du mensonge, il y a la volonté de marquer des points, d’avancer des pions, d’épargner des vies humaines, d’abréger les combats, de raccourcir la durée de la guerre. Parfois, on veut affirmer sa supériorité en masquant ses points faibles. On peut aussi vouloir plus simplement saper le moral de l’ennemi. La désinformation est une arme comme une autre, redoutable, parfois plus meurtrière.

Pour désigner une action, le terme employé est celui d’opération  et le mot est resté dans tous les services de renseignements actuels. De 1939 à 1945, on dénombre un peu plus de 200  Opérations  d’importance majeure.

Tout commence ou presque par l’Opération  Dynamo  en 1940. Dramatique week-end à Zuydcoote qui voit l’évacuation des Anglais de la poche de Dunkerque. Côté allemand, on pense déjà à l’Opération  Attila , d’occupation de la France de Vichy. Avant cela, il y avait eu l’Opération  Fall Weiss  de l’invasion allemande de la Pologne et il y aura plus tard l’Opération  Barbarossa  de l’invasion de l’URSS, cette fois puis l’Opération  Typhoon  qui vise Moscou mais revenons chez les Alliés avec cette Opération  Ambassador  d’un raid britannique sur Guernesey en 1940 ou Opération  Amherst  d’un raid britannique sur les Pays-Bas en 1945.

Pour l’Opération  Caïman  de 1944, le terrain choisi n’a rien d’exotique puisqu’il concerne le centre de la France, où une action de diversion tente de faire croire à un débarquement. Rien d’exotique non plus dans l’Opération  Cobra  de 1944 qui concerne la verte campagne normande. Les Opérations  Nelson  et  Newton  intéressent les SAS en mission en France en 1944. L’Opération  Detroit  visait la Normandie aux toutes premières heures du Débarquement autrement dit de l’Opération  Overlord  (Seigneur suprême). A cette grande opération peuvent s’associer les Opérations  Elmira ,  Chicago ,  Epsom ,  Quicksylver  (Mercure),  Bodyguard  (Garde du Corps),  Neptune , etc…

Parmi les deux cent opérations les plus importantes de la Seconde Guerre mondiale dans les deux camps confondus, on peut encore mentionner les Opérations  Maple ,  Tonga ,  Zitadelle ,  Merkur ,  Himmler ,  Roundup ,  Paperclip ,  Torch  ou  Avalanche …

Sans oublier deux tragédies, l'opération  Jubilee  du Débarquement de Dieppe d'août 42 et l'opération  Tigre  qui vit un exercice de débarquement tourner au drame à Slapton Sands à J-40 faisant près d'un millier de morts.


Les moyens démesurés d’une guerre de l’ère industrielle


Pour la Seconde Guerre mondiale, un effort technologique sans précédent exploitant à des fins militaires tous les progrès de la science, a fait entrer l'humanité dans la guerre dite  industrielle.

Le Débarquement de Normandie est une opération démesurée d'une infinie complexité, de la même façon que la Seconde Guerre mondiale est le conflit le plus sanglant et le plus destructeur de tous les temps. Cette guerre s'avére, en effet, quatre à cinq fois plus meurtrière que celle de 1914-1918. Conflit le plus sanglant de l’histoire du monde et qui a fait autant de victimes civiles que militaires, c'est enfin près de 30 millions de personnes déplacées entre 1939 et 1945.

le plan des techniques : essor de l’aviation et de l’électronique avec le radar, développement du lance-flamme, accroissement de la puissance chimique des explosifs, progrès décisif dans la métallurgie des blindages mais aussi dans la médecine d’urgence, etc. La Seconde Guerre mondiale débute en Pologne avec la cavalerie et s’achève dans le Japon d’Hiroshima et de l’ère nucléaire.

Pour la Normandie, furent imaginés de nouveaux véhicules de débarquement, de nouveaux blindés amphibies et le génie militaire va prendre sur les côtes normandes toute sa signification avec les chars démineurs et autres engins spéciaux poseurs de ponts et constructeurs de routes.

En effet, si la Résistance a eu pour mission de détruire ou saboter toutes les infrastructures de communication en vue de retarder l’avance de l’ennemi vers la Normandie, le génie militaire allié va devoir rendre de toutes urgences toutes ces infrastructures à la circulation dans les délais les plus courts et pour la plus grande armée du monde. Reconstruction des voies ferrées, routes et ponts, rétablissement des télécommunications, approvisionnement en carburant d’une armée essentiellement mécanisée en marche et enfin secours et aide aux populations libérées.

Parmi les engins nouveaux qui firent leur apparition sur les plages du débarquement, le tank Sherman    construit à 150 000 exemplaires était rapide, facile à construire et à entretenir. Ses seuls défauts, un faible blindage et une alimentation essence qui le rendaient assez vulnérable.

Des barges spéciales ont été conçues à la Nouvelle-Orléans pour les côtes normandes et construites par l'industriel Andrew Jackson Higgins pour débarquer les hommes sur les plages dans les meilleures conditions de rapidité et d'efficacité. Le 6 juin, chacun des «Higgins Boats» va s'ouvrir à l'avant pour libérer 36 hommes de troupe en tout juste 19 secondes.

Cherbourg était un objectif prioritaire qui fut repris fin juin. Son port en eau profonde était inutilisable en raison des épaves mais aussi des mines qui l’obstruaient or dès la mi-juillet les navires pouvaient de nouveau y accoster et trois mois plus tard, Cherbourg connaissait un trafic deux fois supérieur à celui de New-York en 1939.

Mieux encore, dès le 12 août, le célèbre PLUTO était opérationnel. Il s’agissait d’un pipe line sous-marin assurant l’approvisionnement en carburant depuis l’île de Wight jusqu’à Cherbourg, PLUTO signifiant  Pipe Line Under The Ocean . Là encore, une grande première technologique.

Cet inventaire du génie militaire de la Seconde Guerre mondiale serait incomplet sans les célèbres  Liberty-ships  qui furent construits aux Etats-Unis en très grande série. Les derniers modèles fabriqués le furent en moins d’une semaine.

Comment enfin ne pas mentionner, la célèbre  Jeep  fabriquée à plus de 650.000 exemplaires entre 1941 et 1945 ?

Prouesse technologique : les ports artificiels Mulberry A et B  (Saint-Laurent sur mer et Arromanches) dont la construction commença en 1943 en Angleterre dans le secret le plus absolu. Plus de 40.000 personnes dont majoritairement des femmes ont travaillé à ce projet qui nécessita plus d’un million de tonnes de béton et d’acier. Le cahier des charges militaire des Mulberry exigeait que chaque port puisse recevoir chaque jour 2500 véhicules et 12000 tonnes de matériel pendant neuf mois, ces chiffes allaient être largement dépassés notamment pour Port-Winston (Arromanches).
Les  Mulberry  se composaient de plusieurs pièces préfabriquées qui allaient être ensuite remorquées à faible allure jusqu’aux côtes françaises entre le 8 et le 18 juin et assemblées les unes aux autres à la manière d’un gigantesque Meccano. Parmi ces pièces dont certaines avaient la taille d'un imposant immeuble :
- les  Phoenix , caissons de béton de 20 mètres de haut, 15 de large et 70 m de long soit 6000 tonnes pour les plus importants. Arrivés sur place, ils se remplissaient d’eau et pouvaient reposer sur le fond.
- les  Bombardons , blocs de béton creux de 65 m de long sur 8 m de hauteur. Attachés entre eux et munis d’ancre, leur fonction était de limiter les effets de la houle.
- les  Goosberries  enfin, généralement des vieux navires marchands ou bâtiments de guerre qui furent coulés afin de servir de brise-lames. A ces dispositifs de ports artificiels, s’ajoutent les  spuds  (quais de débarquement), les  whales  (pontons métalliques) reposant sur les  beetles  (caissons flottants) qui permirent de fabriquer ainsi 16 kilomètres de routes flottantes.

Chronologie du Débarquement


La nature de l'enjeu, les forces considérables en présence et l'importance des moyens mis en œuvre excluaient l'échec, interdisant l'improvisation. La partition du siècle devait être jouée fortissimo, sans la moindre fausse note. Au delà de quelques heures décisives pour notre histoire, de la   sueur, du sang et des larmes   qu'avait prédit Winston Churchill se cachaient des mois de répétition.

 3 juin 20H50  : Premier message de la BBC :  L'heure des combats viendra…  capté par la Résistance. Il annonce le Débarquement et constitue l'ordre de lancement des opérations de sabotages des voies ferrées de l'ouest. En fait, les auditeurs de la Radio de Londres peuvent se douter qu’il se prépare quelque chose d’important car les  messages personnels  se sont multipliés ; près de 200 pour la seule date du 1er juin. Ce même jour, le mauvais temps sévit sur la Manche ; pluie, vent et mer forte, et inquiète le grand Etat-Major du Général Eisenhower.

 4 juin 23H00  : La BBC diffuse des messages complémentaires dont  Les sanglots longs des violons de l'automne...  donnant aux résistants l'ordre de sabotage généralisé des installations ferroviaires non encore détruites et des installations téléphoniques. Désormais, plus aucun train ne doit être en mesure d'acheminer du matériel vers la Normandie. De la même façon, le réseau de télécommunications doit être neutralisé. La première partie du vers de Verlaine annonce l'imminence dans les deux jours des opérations Neptune et Overlord. En Angleterre, acheminement des unités d'assaut vers les zones portuaires, fin de l'embarquement des derniers véhicules. Le 5 juin, en raison des mauvaises conditions météo, le convoi est détourné en pleine mer.  L’Opération Overlord  est provisoirement suspendue.

 5 juin 3H30  : Bien que le mauvais temps persiste, Eisenhower donne le feu vert à son état major :  le jour J est fixé au 6 juin.  En effet, en raison des forces en présence et de la logistique lourde que cela impose, il est impensable de renoncer. De plus, comme la tempête se poursuit, les Allemands vont relâcher leur attention et ne penseront pas qu’un débarquement puisse avoir lieu.

 5 juin 20H00  :  Blessent mon coeur d'une langueur monotone...  La seconde partie de la strophe vient d'être diffusée sur la radio de Londres. Mobilisation générale de tous les réseaux et passage à l'offensive : attaques de dépôts de munitions, de stations de transmission, embuscades sur tout le réseau routier, harcèlement des convois allemands.
Deux heures plus tard, premiers bombardements des batteries côtières, des ponts, et des stations radar du littoral normand par l'U.S. Air Force et la R.A.F.

Sainte Mère Eglise est touchée par plusieurs projectiles, l'un d'entre eux incendie une maison en centre ville. La Normandie est coupée du reste du monde.

 22H55  : Parachutage des équipes d'éclaireurs britanniques dont la mission est le balisage des zones de saut.

 6 juin à partir de 0h00  : 1135 bombardiers britanniques déversent 5800 tonnes de bombes sur une dizaine de positions côtières. 20 minutes plus tard, les six planeurs du major Howard se posent non loin du pont de Bénouville (Pegasus bridge) saisi à 0h25 et à 0h30, premiers parachutistes sur Sainte-Mère-Eglise.  John Steele , soldat de la  82ème Airborne , se retrouve suspendu par son parachute à la flèche de l’église. Blessé par les Allemands, il fait le mort durant deux heures avant d’être fait prisonnier. Revenu plusieurs fois à Sainte-Mère-Eglise après la guerre, il est mort en mai 1969.
 1h10  : Le PC allemand de Saint-Lô apprend les parachutages dans la région de Caen. La  7ème Armée  est mise en alerte. A la même heure, parachutage en Bretagne d’équipes de reconnaissance qui prépareront le travail des commandos de sabotage qui seront largués le lendemain.
 1h30  : La  101ème Division Aéroportée  est larguée à l’est d’Utah Beach. Peu après, parachutage anglais à l’est de l’Orne.

 2h30  : Bombardements sur l’ensemble des côtes. Devant  Omaha Beach , transfert des troupes des navires sur les barges de débarquement. 3h00, tous les navires de guerre sont en position.

 3h50  : A terre, les paras anglais s’emparent de Ranville, premier village libéré. A 4h30, Sainte-Mère Eglise est prise ainsi que les îles Saint-Marcouf.

 5h50  : Les 6.939 navires de l'armada alliée abordent les côtes normandes. Les premières salves de marine explosent sur le littoral. La première vague d'assaut est à six kilomètres des côtes.

 6h00  : 13.400 tonnes de bombes larguées sur les plages. Une demie heure plus tard, premières vagues d’assaut sur  Utah  et  Omaha Beach.

Une page de l'Histoire du monde est en train de se tourner.


Des orphelines sur les routes...


Il était une fois des petites filles toutes vêtues de petites robes à carreaux rouges, blancs et bleus qui vivaient dans un grand château, le Clos Saint-Joseph, pendant la guerre.

Hormis l’absence des parents, rien ne manquait aux petites pensionnaires qui se sentaient protégées et aimées par les « M’an », leurs institutrices :   On était très protégées au Clos et j’ai eu une enfance très heureuse. Je me souviens très bien qu’une fête de Noël, j’avais demandé quelque chose de très spécifique : un berceau avec un baigneur. Et les M’an l’ont fait de leurs mains – elles avaient transformé une boîte à chaussures en berceau, et elles y ont mis un petit bébé, habillé exactement comme je voulais. 

Gaston, le jardinier du Clos entretenait avec soin le grand potager qui fournissait les légumes frais tous les jours.   Le jardinier, c’était un réfugié qui était arrivé au Clos. C’est lui qui a ramassé les pommes pour faire du cidre. Il est parti quand nous sommes parties sous la mine, mais je crois qu’il a été arrêté par les Allemands.

Puis survient le Jour J du débarquement :   Très tôt le matin de nombreuses escadrilles ont survolé Saint-André ; les bombardements ont commencé sans répit. Ca m’a réveillée et je me demandais : Qu’est-ce qui se passe ? C’était monstrueux, infernal – le ciel était couvert d’avions. Mais au moins on pouvait partager la peur avec les autres filles ! 

Bientôt sonne l’heure de l’évacuation, du sauve-qui-peut dans les galeries souterraines d’une mine de fer de Saint-André sur Orne. Pendant ce temps, sous les bombardements, les Allemands investissent le Clos. Rien n’est épargné, le potager, la basse-cour et les clapiers :   Dans le clos presque abandonné, les Allemands volent et mangent nos petits lapins. Je me souviens surtout que les Allemands allaient se servir de tout. Les M’an se sont toujours débrouillées pour qu’on ait à manger. Quand nous étions sous la mine, elles retournaient au Clos, elles risquaient leur vie, pour aller chercher à manger.    


Le 14 juillet, les Allemands exigent que les petites filles du Clos évacuent la mine. Sans destination, elles prennent la route, sous les bombardements. Cadichon, le petit âne du clos emmène les petites filles qui sont trop jeunes pour marcher longtemps à pied. C’est alors la traversée de la forêt de Cinglais où les enfants vont croiser des chars allemands en flammes, des cadavres aussi. Bravement, les petites suivront les autres évacués. Elles ont des drapeaux blancs qu’elles agitent à l’approche des avions.

Elles arriveront à Acqueville, puis Falaise bombardée :   Je pleurais en traversant Falaise, j’y suis née et je disais : - c’est mon pays ! Ce qui faisait plus mal, c’était de voir tous les radiateurs pendre, tous les murs cassés. On voyait toutes les couleurs selon la pièce – c’était du bleu, du rose, du vert, du jaune – on voyait tout ça. Et le cimetière où était ma mère, la pauvre, ça avait été tellement bombardé que ce n’était plus rien. 



Sur les routes de l’exode, les jours se succèdent et le 11 août, quelques jours après leur arrivée à Beaufort-en-vallée, les petites filles du Clos ont le bonheur de voir arriver les chars américains. Ca les console de tout ce qu’elles ont perdu :   Les Américains nous donnaient du chewing-gum. On ne savait pas ce que c’était et on avalait le chewing-gum, on pensait que c’était des bonbons !


Mais le Clos Saint-Joseph, le jardinier Gaston et l’âne Cadichon viennent, pour les petites orphelines de Normandie, d’entrer dans le passé d’une enfance que la guerre a brisé.

Librement inspiré du livre : Le Orphelines de Normandie publié aux Editions Circonflexe avec France Bleu)

Paroles du Jour J


Journal de Dalmain Estes, 25 ans. Il débarque à Omaha Beach  à 7h30 :


 Nous étions la seconde vague de débarquement… J’ai vu les hommes de la première vague tomber sous le feu des mitrailleuses et des fusils. J’ai vu ce qui s’est passé lorsqu’une péniche de débarquement chargée de chars s’est arrêtée à une trop grande distance de la plage, déchargeant ses chars qui ont tous coulé à pic… J’ai vu les hommes sortis des landing crafts, se débattant dans une eau trop profonde, essayant d’atteindre la terre ferme avant de se noyer… 

Lettre de Franz Gockel :



Chers parents, chers frères et sœur,
Mardi, le 6 juin, il y a eu une attaque sans précédent, une attaque inimaginable, du jamais-vu, même sur le front de l’Est… A 1h30, l’alarme s’est déclenchée : nous avons été bombardés par les Américains. A l’aube vers 4 heures, nous avons commencé à deviner la silhouette des premiers gros navires ennemis. A peine les distinguions-nous que des éclairs jaillissaient déjà de leurs canons à une cadence infernale. De leur côté, les bombes larguées par les avions n’arrêtaient pas de siffler. Il n’y eut bientôt plus un mètre carré de sol qui ne soit touché par les bombes ou par les obus. (…) J’étais avec ma mitrailleuse dans mon abri. Et puis la boucherie a commencé. 

Robert, le Québecois qui se disait chanceux, venait tout juste d'avoir dix-huit ans. Il était le plus jeune soldat de son bataillon. Il avait neuf frères et soeurs et son père était cheminot. Franz, l'Allemand de Westphalie, était couvreur et fils de couvreur, issu d'une famille modeste sans histoire. Happé par le Service du Travail Obligatoire à l'âge de 17 ans, il fut mobilisé dans la Werhrmacht quelques mois plus tard. Après avoir fait ses classes en Hollande, il est affecté en France. Dans la nuit du 5 au 6 juin, il est de veille dans son bunker et c'est sa mitrailleuse qui va balayer la plage d'Omaha Beach, la sanglante, lorsqu'une balle américaine lui transperce la main. Cette blessure lui sauvera la vie. La plupart de ses camarades ont été tués le 6 juin ou dans les jours qui suivirent. Plus de 20.000 jeunes soldats allemands reposent au cimetière allemand de La Cambe. Beaucoup n'ont jamais pu être identifiés. Lorsque les beaux jours de l'été reviennent, les plages de Normandie sont prises d'assaut par des gosses qui font des patés de sable que la mer emporte presque aussitôt.








Jean-Pierre Guéno : « On ne triche pas avec des lettres »



Soixante dix ans… Il est temps de sortir de la légende, de ce jour J tel que le raconte  Le jour le plus long , le film de Darryl Zanuck qui fait du débarquement une sorte d’opéra-bouffe. Déjà le travail de Steven Spielberg avec  Il faut sauver le soldat Ryan  et sa série  Band of Brothers  a commencé à rétablir la vérité : le débarquement a été une effroyable boucherie et, surtout, il ne s’est pas limité au Jour J.
Dans les semaines qui ont suivi le 6 juin, la  bataille de Normandie  a fait près de 20 000 morts chez les civils et plus de 150 000 chez les Alliées et les Allemands. Il suffit d’aller dans les cimetières militaires de Normandie pour comprendre.

Mais s’il avait vraiment voulu vraiment être réaliste, Spielberg aurait dû prendre des acteurs âgés d’à peine 20 ans. Voila ce que l’on n’ose jamais dire : les adultes vont faire la guerre à des gosses, à des enfants auxquels dans une entreprise on demanderait à peine de faire des photocopies !

C’est tout l’intérêt de publier des correspondances écrites en pleine action par ceux-là mêmes qui la vivent. A qui écrivent ces soldats ? A leur maman plus qu’à leur petite amie. Ce ne sont pas des hommes, ce sont des gamins. Pour être là, ce jour là beaucoup ont dû prendre la décision de quitter leur famille à l’âge où ils se rasaient à peine. On ne peut pas tricher avec des lettres. Ceux qui racontent, ce ne sont pas les vétérans que les télévisions s’arracheront pour la commémoration. C’est ceux qui avaient 18 ans lorsqu’ils ont mis le pied sur la plage d’Omaha.

Ce décalage m’avait déjà frappé avec  Paroles de poilus . Mais avec  Paroles du Jour J , je me suis senti encore plus d’empathie. Parce qu’il s’agit d’une guerre moderne avec des tanks, des avions. D’une guerre qui, comme celle du Vietnam  ou de Bosnie, prend au piège les civils. Une guerre que nos générations pourraient vivre. Une grande partie du livre est d’ailleurs consacrée à ces civils qui meurent sous les bombes.

 Paroles de poilus  avait réveillé le souvenir de la Grande Guerre. J’espère que   Paroles du jour J  fera définitivement sortir la Libération de l’image d’Epinal.

samedi 24 mai 2014

D-Day, ils ont inventé le débarquement


 Il aura fallu trois ans de préparation dans le plus grand secret pour un événement qui a changé le cours d’ l’histoire. En un seul jour, le 6 juin 1944, 5000 navires, 150.000 soldats, prennent d’assaut les plages de Normandie. Aujourd’hui, une équipe d’experts internationaux, plongeurs et archéologues, explore pour la première fois les traces laissées au fond de l’eau par la gigantesque offensive. Plus de trois cents épaves qui constituent le cimetière marin de la Baie de Seine. Un monde de vestiges et de fantômes qui se met à parler grâce aux témoignages des derniers vétérans.
Si le débarquement est une formidable aventure humaine, elle est aussi le fruit du travail d’inventeurs de génie. Des tanks flottants au port artificiel d’Arromanches le film lève le voile sur les secrets de fabrication de l’opération Neptune. Pour percer le secret de cette incroyable flotte, une équipe d’ingénieurs mène l’enquête. Grace à la 3D et à la simulation, ils ressuscitent un savoir qui aurait pu passer dans l’oubli. Un monde créé il y a tout juste 70 ans et que les technologies d’aujourd’hui permettent de comprendre et de préserver.

A l’occasion du 70ème anniversaire du Débarquement et pour  rendre hommage à tous ceux qui ont donné leur vie pour la réussite de cette opération, Thalassa et la société de production MC4 avec la collaboration de Dassault Systèmes, ont fédéré ce que l’on fait de mieux en matière de techniques de l’image et de recherches sous-marines. Ce sera une évocation exceptionnelle du D-Day. Grâce à la cartographie de la baie de Seine qui regorge d’épaves, fidèles témoignages engloutis du génie de l’homme. Grâce à la reconstitution en 3D des engins qui ont permis de s’adapter à la terre normande et à ses falaises hostiles. Moment d’motion également, quelques survivants du D-Day ont pu plonger dans des petits sous-marins de poche. Ils ont pu, 70 ans après, s’approcher au plus près des épaves de leurs propres navires et faire partager ces minutes terribles sur le terrain même de leur naufrage.
D-Day, ils ont inventé le Débarquement, un film de Marc Jamposlky pour Thalassa. Sortie DVD et Blu-ray le 28 mai 2014. Thalassa D-Day, ils ont inventé le Débarquement sera diffusé dans Thalassa sur France 3 le 30 mai 2014.

Autres opérations liées au 70ème anniversaire du Débarquement :

D-Day,l’Odyssée, un web documentaire éducatif et une application en 3D temps réel au coeur du cimetière sous-marin du 6 juin 1944. Dans le cadre de la coproduction du film avec la société MC4, CANOPÉ (ex. SCÉRÉN [CNDP-CRDP]) et la société Atomic Stoom (studio de création digitale spécialisé dans le contenu intéractifsur nouveaux écrans et la 3D temps réel) proposent un web documentaire éducatif à destination du grand public et des enseignants de collèges et lycées (sensibilisation de 40.000 enseignants soit près de 4 millions d’élèves). Il comprend :
• Des ressources éducatives : vidéos et images exclusives, scénarios pédagogiques dans les matières technologiques et historiques
• Un jeu sérieux en 3D temps réel avec un prolongement sur une application pour tablettes (IOS et Androïd) proposant des fonctionnalités complémentaires (réalité augmentée et possibilité d’impression 3D).
Le joueur endosse le rôle d’un archéologue sous-marin chargé de localiser, identifier puis reconstituer quelques-unes des épaves marquantes de la plus grande opération militaire jamais organisée. Jour après jour, en s’appuyant sur les ressources historiques et technologiques mises à sa disposition (archives, cartes, interviews de vétérans, de scientifiques etc.), il est amené à constituer pas à pas son propre « musée virtuel » du D-Day. Les faits relatés et les personnes qu’il rencontrera pour l’aider dans sa mission sont réels ! 

Le livre 

Le Livre D-DAY, ils ont inventé le débarquement écrit par Béatrice Gamba et Sylvain Pascaud est disponible aux Editions de La Martinière. Ce livre rend hommage aux ingénieurs et aux combattants qui ont fait l’Histoire. Avec le témoignage précieux des vétérans invités à participer à la mission scientifique, ainsi que des contributions d’historiens et d’experts du monde entier

6 juin 44, la Lumière de L'Aube



Sortie DVD le 4 juin en exclusivité FNAC 




A l’occasion du soixante-dixième anniversaire du Débarquement, ce
film documentaire, entièrement réalisé avec des images d’archives
remasterisées et colorisées, retrace l’opération Overlord de sa génèse
à la bataille de Normandie.

Le film raconte l’épopée de la plus grande opération militaire que
l’homme ait jamais conçue, de 1943 à la Libération de Paris.
Convoquant les grandes figures politiques et militaires du conflit, le film
évoque les coulisses, les enjeux et les stratégies des différents
protagonistes pour gagner la guerre. Pour mieux comprendre ce
fabuleux exploit, le film propose une lecture à la fois géopolitique et
militaro-industrielle, sans oublier bien sûr le point de vue des
combattants anonymes qui viendront par milliers mourir sur les plages
normandes. Ce film a été conçu à la fois comme un spectacle visuel et
comme un hommage aux soldats qui se sont sacrifiés pour libérer
l’Europe.

Un film inédit écrit et réalisé par Jean-Christophe Rosé,
raconté par Samuel Le Bihan
Une production Kuiv-Michel Rotman
Diffusion sur France 2 le vendredi 6 juin 2014 à 20h45
Sortie DVD le 4 juin en exclusivité FNAC


Depuis la décision de débarquer en Normandie jusqu’à la Libération de Paris, le film
raconte une épopée qui a changé l’Histoire. Le 15 janvier 1944, le général Ike
Eisenhower arrive à Londres pour superviser les préparatifs de l’opération Overlord, en
français «Suzerain», la reine des batailles.
Depuis l’entrée en guerre des Etats Unis en 1941, Hitler redoutait une invasion sur les
côtes Ouest de l’Europe. Dès 1942, il ordonne la construction d’un mur le long de
l’Atlantique de la Norvège à la frontière Espagnole.
La présence d’Eisenhower à Londres confirme Hitler dans sa crainte d’une invasion
alliée à l’Ouest. Dès lors Hitler charge l’un de ses plus brillants généraux, le populaire
Erwin Rommel de renforcer les défenses de la forteresse Europe. Chez les alliés,
commence une préparation titanesque en moyens humains et matériels. Durant tout
l’hiver les «boys» arrivent par dizaines de milliers en Grande-Bretagne, où ils sont
soumis avec leurs camarades britanniques à des entraînements spécifiques.
Pendant toute cette période l’Amérique continue aussi de déverser sur le sol
britannique du matériel lourd, tandis que les alliés s‘attellent aussi à la construction de
gigantesques ports artificiels, destinés à être remorqués le jour J jusqu’aux côtes de
France. Pour qu’«Overlord» bénéficie de l’effet de surprise, il est fondamental de
cacher, ou à défaut, de camoufler, cette activité intense. Durant des semaines, les
services de renseignement alliés abreuvent l’ennemi de fausses informations, destinées
à le leurrer sur les lieux du débarquement, en lui suggérant que l’option «Pas de
Calais» a été retenue. Sur le sol anglais l’intoxication aussi est de mise, à voir installer
face aux côtes du Nord de la France, de faux aérodromes où fleurissent des avions
gonflables…

Début juin, tout est en place pour l’assaut amphibie le plus important de l’Histoire, tout
d’abord prévu le 5 juin. Mais depuis quelques jours le temps se gâte. Le 4 juin, alors
même que les premiers bâtiments basés dans le Nord de l’Angleterre font route vers la
Manche, une tempête éclate. Elle oblige Eisenhower à rappeler aux ports les bateaux
déjà partis. L’opération «Overlord» est désormais menacée, car les mouvements déjà
initiés risquent d’alerter les Allemands.
Pourtant, le 4 juin au soir, les prévisions météo sont un peu moins pessimistes.
Cette nuit là, en une demi-heure Eisenhower prend une décision qui met en jeu
le sort du monde. Ce sera le 6 juin 1944.

Dès le 5 Juin, l’énorme machine se met en marche. Le départ des troupes par
air ou par mer est abondamment documenté par les cameramen militaires. La
traversée et le déclenchement du bombardement naval aussi. Ces images
filmées permettent de voir que pour les assaillants les conditions varient de
plage à plage, et que les difficultés ne sont pas les mêmes partout.
Au soir du 6 juin 156 000 hommes ont débarqué sur la terre normande. Le bilan
humain de la journée est lourd –10 000 morts, blessés ou disparus – mais moins
que prévu. Le bilan militaire est partagé. Certes les Alliés ont établi une ligne de
front longue de 90 km, mais subsistent d’énormes brèches dans lesquelles les
Allemands vont tenter de s’engouffrer.

«La Bataille de Normandie» qui va suivre est terrible. Montgomery avait prédit
que Caen tomberait le 6 juin, la ville est libérée le 9 juillet. Les Alliés ont la
supériorité totale dans les airs et sur la mer et leurs effectifs dépassent de loin
ceux de l’ennemi. Mais les Allemands d’abord surpris, par l’attaque vont se
ressaisir. Malgré des forces diminuées, des équipements inadéquats et une
structure de commandement byzantine, ils livrent une résistance digne de leur
réputation et restent un ennemi redoutable. Le bilan de la bataille de Normandie
est effroyable : Côté allié, on comptera 37 000 morts et 172 000 blessés. Côté
allemand, les chiffres sont de 50 000 tués, 80 000 blessés et 210 000 disparus.
Les pertes civiles avoisineront les 20 000 tués. Il faudra onze semaines aux
alliés avant d’arriver à libérer Paris et pouvoir ensuite se lancer à l’assaut de l’Allemagne elle-même.


Note d’intention

Généralement on croit tout savoir du débarquement de juin1944, tant il a marqué l’Histoire. Pourtant au-delà de la geste guerrière, bien des aspects du débarquement sont souvent oubliés.
Il aura d’abord fallu plus de 2 ans à Staline, Churchill et Roosevelt le Président des Etats-Unis pour se mettre d’accord sur la date de cette opération. Leur accord scellé à la conférence de Téhéran en décembre 1943, commencent les vraies difficultés, des plus prosaïques aux plus
dramatiques.
Comment par exemple organiser la cohabitation entre 1 500 000 jeunes gars venus de la riche Amérique avec la population britannique alors si démunie ?
Comment préparer dans une Angleterre exsangue, la plus gigantesque opération amphibie de l’histoire, en essayant de tout cacher à un ennemi posté à quelques encablures à peine des côtes anglaises ?
Comment surmonter les obstacles quand même la nature et ses intempéries vous assaillent au moment décisif ?
Sait-on qu’au matin du 6 juin devant les difficultés rencontrées par les hommes sur la plage d’Omaha, le commandement américain a envisagé de stopper l’offensive, alors même que la gigantesque machine de guerre était déjà lancée à plein régime ?
Sait-on que les 1ère vagues d’assaut ne furent jamais filmées, sauf une, dans des conditions particulières. Sait-on ce qu’ont réellement vécu les hommes qui tenaient les caméras lors des assauts suivants ?
Sait-on combien l’entente entre américains et Britanniques fut soumise à rude épreuve durant toute cette période, avant que les Britanniques n’acceptent de laisser à la toute puissance américaine le soin de diriger la bataille finale ?
Force est de constater que des pans entiers de ce gigantesque évènement furent souvent estompés au profit du seul éclat de la victoire finale.
Ainsi ce film nous raconte, côté alliés et côté allemand cette gigantesque épopée, depuis sa préparation en Angleterre dès janvier 44, jusqu’à son aboutissement durant l’été. Avec les généraux américains, Dwight Eisenhower… Omar Bradley… l’anglais Bernard Montgomery… le
Premier Ministre Britannique Winston Churchill… le Maréchal allemand Erwin Rommel… Et puis aussi bien sûr les héros souvent anonymes qui ont fait ce débarquement…Sans oublier certains hommes tel le sergent Grant qui l’ont filmé au péril de leur vie…
Tous ensemble ils ont participé à ce fabuleux événement qui contrairement à la légende ne fut pas une marche triomphante, ce qui rend sa réussite d’autant plus glorieuse.
Jean-Christophe ROSÉ

Biographie : Jean-Christophe Rosé
Documentariste passionné de sport et d’histoire, Jean-Christophe Rosé est réalisateur depuis 1979. Il a conçu plus d’une vingtaine de films pour la télévision dont «Fausto Coppi, une histoire d’Italie», «L’Odyssée du coureur de fond» «Maradona, un gamin en or» ou « Hitler Mussolini, l’Opéra des assassins». Reconnu notamment pour ses films réalisés entièrement à base d’archives, toute sa technique et son art résident dans la qualité et le choix des images obtenues et la capacité à les faire parler.
Le récit qui accompagne l’archive et fusionne avec elle produit un effet de réelle vérité qui est la marque et la griffe de Jean-Christophe Rosé.