jeudi 16 décembre 2010

On a retrouvé la tête d'Henri IV

Comme un clin d’œil du destin, l’année même de la célébration du 400ème anniversaire de la mort d’Henri IV, on vient de retrouver la tête du roi et l’authentification semble ne faire aucun doute. La fin d’une énigme dont l'origine nous reporte aux soubresauts de la Révolution française

1793, la Terreur à l’ordre du jour. L’une des années sombres de la Révolution. Le procès du roi a débuté le 10 décembre 1792, il sera exécuté le 21 janvier 1793. Marie-Antoinette sera guillotinée le 16 octobre de la même année. Entre ces deux dates, la nécropole des rois de France à Saint-Denis va être profanée à deux reprises, en août et en octobre 1793 (mais aussi dans une moindre mesure en janvier 1794). Les tombeaux des rois sont violés, pillés, les dépouilles jetées à la fosse commune.
C’est le cas, le 12 octobre pour la sépulture d’Henri IV. Le corps du roi est si bien conservé qu’il sera exposé debout à la vue du public qui pendant plusieurs jours s’en donnera à cœur joie. On lui serre la main, on lui casse un bras, une jambe, on lui arrache ses moustaches et lorsque l’attraction se termine, son corps est jeté à la fosse commune.

Lors de la Restauration, Louis XVIII va ordonner la fouille des fosses communes afin que les dépouilles royales puissent être replacées dans la basilique Saint-Denis. On va retrouver trois corps « décapités » post mortem dont ceux d’Henri IV et de son fils Louis XIII. La tête du vert galant non retrouvée aurait été vendue par un fossoyeur dès 1793…

Attention ci-dessous un regard de quelques secondes sur quatre siècles d'éternité. Une exclusivité Paris Match. 



Elle fait sa réapparition après la Première Guerre mondiale, en 1919, dans une vente aux enchères puis passe de main en main, d’un brocanteur normand à un photographe parisien. En fait, rien ne permet d’authentifier cette tête momifiée qui va disparaître à nouveau durant plusieurs dizaines d'années. Proposée au Louvre en 1947, le musée parisien refusera de l’acquérir pour le même motif. Enfin, tout récemment, suite à l'enquête d'un journaliste passionné d'histoire, un retraité de 84 ans va reconnaître qu’il possède chez lui la tête d’Henri IV.

Une publication du British Medical Journal a officialisé l’authentification scientifique après plusieurs mois de travaux de la découverte. La tête a été remise au prince Louis de Bourbon qui devrait la céder au président de la République en lui demandant son retour à Saint-Denis où Henri IV avait été inhumé le 1er juillet 1610.

Lire aussi : Saint-Denis, nécropole des rois de France

Gérard Conreur pour France Culture, 16 décembre 2010

lundi 13 décembre 2010

Saint-Denis, nécropole des rois de France


Carte de Cassini, détails sur Saint-Denis. 
Saint-Denis est le premier évêque de Paris. Persécuté par les Romains, il est finalement décapité. Il aurait alors, dit-on, ramasser sa tête et parcouru plusieurs kilomètres avant de s’effondrer. A l’endroit où il tomba fut édifiée la basilique-cathédrale qui porte son nom. Elle devait accueillir tous les fidèles en pèlerinage à la suite de ce miracle. La basilique est aussi la nécropole des rois de France, un endroit passionnant que les soubresauts de l’Histoire ont parfois malmené. Retour sur des siècles d’histoire.



On ne sait pas grand-chose de Saint-Denis mais selon l’hypothèse la plus crédible, il aurait été envoyé en France au IIIème siècle pour évangéliser le pays. Devant le nombre de conversions obtenus, les prêtres d’autres religions s’en seraient inquiétés auprès de Rome qui aurait envoyé des troupes à Paris. Denis,  ses deux compagnons et plusieurs chrétiens seront alors arrêtés mais malgré la torture, devant leur refus de se soumettre à l’autorité romaine, ils seront chassés de la cité et conduits en direction de la butte Montmartre, bien loin hors de la ville, où ils seront exécutés face au temple de Mercure situé à son sommet. Mais les légionnaires n’auraient pas attendu d’atteindre Montmartre dont la pente est rude pour décapiter les prisonniers. A hauteur de notre actuel 18ème arrondissement, ils sortent leurs glaives. C’est là où Denis aurait ramassé sa tête et guidé par un ange, aurait poursuivi sa route durant six kilomètres avant de s’effondrer là où on construira plus tard une basilique.

Louis XVI et Marie Antoinette à Saint-Denis ©Radio France
Le site religieux de Saint-Denis est très ancien. On y aurait trouvé un cimetière gallo-romain datant du Bas-Empire romain et donc à l’époque où aurait vécu l’évêque de Saint-Denis dont la mort est mentionnée autour de 250, époque de christianisation de la Gaule. Après la construction d’une église par Sainte-Geneviève, sur les lieux où reposerait Saint-Denis, l’église va être agrandie et devenir sous Dagobert 1er et par le fait de sa propre inhumation une nécropole royale tant la ferveur envers le premier évêque et martyr de Lutèce était grande. De siècle en siècle, l’église, l’abbatiale, l’abbaye la basilique puis la cathédrale (depuis 1966) va connaître des transformations et des fortunes diverses. Elle est véritablement un endroit privilégié où s’écrit l’histoire de France y compris durant les jours les plus sombres de la Révolution française.

Ainsi en est-il de la profanation des tombeaux des rois de France, de leurs destructions même, non seulement à Saint-Denis, mais aussi dans toute l’étendue de la république. La profanation présente un aspect prétendument scientifique : on veut observer l’état de conservation des corps. On affiche aussi une volonté patriotique de récupérer dans les tombeaux ce qui peut l'être au nom de la république : le plomb de certains cercueils pour en faire des balles mais plus sûrement bien sûr les objets de grande valeur. Enfin, c’est le grand exutoire pour les uns, le grand défoulement, la grande attraction pour les autres. Ainsi le corps d’Henri IV est si bien conservé qu’il sera exposé debout dans la rue à vue de tous les passants qui, au passage, lui briseront une jambe et un bras et lui arracheront même ses moustaches dans la bonne humeur et pour se faire des blagues… La dépouille du vert galant sera jetée ensuite à la fosse commune avec tous les autres souverains. Lorsque Louis XVIII fera procéder à des fouilles dans cette fosse commune en 1817, plusieurs cadavres royaux apparaitront avoir été « décapités » en 1793. Ainsi Louis XIII, dit le Juste mais aussi, son père, ce bon roi Henri IV dont la tête non retrouvée dans la fosse commune ne fut pas perdue pour tout le monde : achetée auprès d’un fossoyeur durant les profanations de 1793 puis cédée un siècle plus tard à un artiste peintre parisien puis à un photographe breton avant d’être proposée au Musée du Louvre en 1947 qui refusa de l’acquérir. Depuis elle a, à nouveau, disparu...

Et puis, coup de théâtre ces jours-ci : On a retrouvé la tête d’Henri IV !!!

Evidemment la basilique aussi a souffert dans ses pierres, ses vitraux, ses ornements religieux , de la période révolutionnaire et a subi des dommages irréparables à l’exemple de gisants datant parfois du Moyen âge sérieusement endommagés. Durant le XIXème des restaurations mal conduites et la foudre en 1837 vont menacer la basilique. En 1846, Eugène Viollet-le-Duc reprend complètement en main l’édifice, gomme des restaurations inappropriées et sauve la basilique. Il va en particulier faire procéder au démontage de la tour Nord dont la flèche avait été incendiée par la foudre. Mal reconstruite la tour risquait de s’effondrer.


Aspects anciens de Saint-Denis ©DR

Aujourd’hui, la basilique cathédrale de Saint-Denis reste l’un des monuments parmi les plus attachants de l’Ile de France et mérite bien que l’on s’y arrête.


Gérard Conreur pour France Culture, 13 décembre 2010


mardi 30 novembre 2010

John Lennon : l'étrange cas du Dakota Building

Depuis la terrasse du GE Building du Rockefeller Center, au 70ème étage, on distingue à peine, sur la gauche, les toits verdâtres du Dakota Building sur le coin de la 72ème rue et de Central Park West. Le Dakota reste l’un des immeubles les plus surprenants de Manhattan. Quand il fut construit en 1880, rien ne pouvait rivaliser avec son arrogance néobaroque vampiro-gothique car il n’y avait rien autour. C’était un peu comme un casino pour vieilles dames sur le littoral belge en plein hiver. On ne pouvait y attendre rien d’autre que la fin du monde.

Le Dakota Bldg en 1880 ©Wikipedia

L’avenue était vierge de tout bâtiment, les larges trottoirs vierges de tout promeneur, la chaussée vierge de toute …diligence. Le Dakota était déjà sinistre, prestigieux certes avec son chauffage central mais sinistre. Tchaikovsky venu à l’occasion de l’inauguration du Carnegie Hall y passa quelques nuits. Boris Karloff non pas un autre Russe mais un acteur tout ce qu’il y a de plus british fut un des premiers locataires du Dakota. En vérité il s’appelait William H. Pratt et était le petit-neveu de la gouvernante des enfants du roi du Siam. Mais si, vous savez bien : Anna et le roi. Faut-il rappeler qu’à l’écran, dans les années trente, William H. Pratt ou plutôt Boris Karloff avait prêté ses traits à Frankenstein qui les conserva pour la postérité…

Boris Karloff ©DR
Boris karloff
D’autres célébrités habitèrent le Dakota building : le compositeur et chef d’orchestre Léonard Bernstein notamment. Certaines scènes de West Side Story ont d’ailleurs été tournées là où se trouve désormais le Lincoln Center et donc à quelques blocs du Dakota Bldg. Le quartier a subi un sérieux lifting depuis les années soixante. Peut-être est-ce le fameux terrain de basket du film qui se trouvait là...A moins que ce soit le drugstore de Doc où Tony empilait des caisses de Coca.




Les acteurs Jack Palance et Jason Robards ont vécu eux aussi dans cet immeuble, ainsi que Lauren Bacall ou encore Judy Garland. Enfin, Robert Ryan y possédait un appartement qu’il louait au couple John Lennon-Yoko Ono. L’ex-beatle en fera l’acquisition après la mort de l’acteur en 1973.

Enfin, Roman Polanski choisira le Dakota Building pour décor de son film Rosemary’s baby (1968) même si l’appartement des Woodhouse fut bâti aux Studios Paramount de Los Angeles. Autre film dont le Dakota servit de décor : Vanilla Sky de Cameron Crowe et co-produit par Tom Cruise en 2001.



Le Dakota Building de nos jours ©Gérard Conreur

A lire : 8 décembre 1980, un dernier rendez-vous


Gérard Conreur pour France Culture, 30 novembre 2010


John Lennon : 8 décembre 1980, un dernier rendez-vous

Après une soirée de travail en studio sur son dernier album Double Fantasy qui doit relancer la carrière de l’ex-Beatle après cinq années de silence, John Lennon regagne son appartement. Yoko Ono le précède de quelques pas. Alors qu’il s’apprête à franchir le porche du Dakota Building de New York, il est abattu de cinq balles de revolver de calibre 38 sous les yeux de Yoko Ono. Un quart d’heure plus tard, le Roosevelt Hospital, un peu plus bas dans le West Side, où John Lennon a été transféré d’urgence annonce à 23h07 la mort du chanteur. Nous sommes le 8 décembre 1980.


Imagine, la partition ©Music Sales
John Lennon avait 40 ans. On ne comprend pas cet assassinat et d’ailleurs qui est donc ce Mark David Chapman, ce jeune texan un peu bouffi ? Agé de 25 ans, il ne fait pas vraiment partie de la génération des Beatles. Pourtant, il est fan du groupe au-delà du raisonnable au point que chez lui cela tourne à l’obsession. Et puis, dans son admiration sans borne pour Lennon, en particulier, il y a un « mais… », une tache. Une idole ne peut pas, selon lui, se permettre le moindre écart. Alors, en vrac et dans l’esprit fragile de Chapman, des sévères reproches se tapissent dans l’ombre de quelques neurones atrophiées : Chapman vivote dans la grisaille du quotidien et il comprend mal le message, pour ne pas dire l’évangile, qu’il prête à Lennon, la paix, la fraternité, un monde meilleur, uni dans lequel chacun aura sa place, comme dans la chanson Imagine : I hope some day you’ll join us, And the world will be as one. Pour Chapman, la réalité lui apparaît bien différente : en quoi Lennon a-t-il changé le monde ? Il est bourré de pognon mais ce n’est pas les pauvres qui en profitent.

Lorsque les policiers vont entendre Chapman plus longuement, il finira par leur avouer qu’au fond, tuer Lennon allait le rendre célèbre et que c’était surtout ça qu’il recherchait. Pourquoi Lennon ? Parce qu’il était le plus accessible et donc cela ne représentait pas de grosses difficultés. Sur lui, on trouvera une bible et sachant qu’il est originaire du Texas, on se souviendra que les Beatles avaient été mis à l’index par des communautés religieuses américaines pour blasphème après une phrase un peu stupide de John Lennon affirmant que les Beatles étaient plus connus, plus populaires que Jesus Christ. C’était le 5 août 1966. Le Vatican a mis longtemps avant de pardonner John Lennon dont la phrase n’avait pas soulevé le moindre tollé en Europe. Par contre, il n’en fut pas de même aux Etats-Unis : autodafé de disques et de tous documents ayant trait aux Beatles, sermons vengeurs, menaces haineuses proférées à l’encontre du groupe anglais, à tel point qu’il dut renoncer à ses projets de tournées outre atlantique.

On sait aussi que lorsqu’il choisira de vivre aux States, dans l’Amérique de Nixon et du Vietnam, John Lennon aura continuellement le FBI et la CIA sur le dos et des tracas avec les services de l’Immigration. Ses faits et gestes sont consignés depuis qu’il a pris la défense de John Sinclair, activiste underground condamné à dix ans de prison pour avoir offert deux joints à un policier chargé de le faire tomber. Voir le film The U.S. vs. John Lennon.

La nouvelle de la mort de Lennon va tétaniser le monde entier. C’est la consternation. Et puis très vite, une réaction qui peut paraître incongrue va se détacher nettement. Des millions de fans dans le monde voient d’un coup, un rêve un peu fou éclater comme une bulle de savon. Jamais plus les quatre de Liverpool ne se réuniront sur scène, jamais plus ils ne se retrouveront. La mort de John est monstrueusement passée par là et fait le deuil de toute une époque, de toute une génération.
Et puis, une malédiction ne va-t-elle pas poursuivre les Beatles ? George Harrison, affaibli par un premier cancer, est victime d’une tentative d’assassinat, chez lui, par un déséquilibré mental, l’avant-veille du 1er janvier 2000, pratiquement vingt ans après la disparition de John Lennon. Il est sauvé in extremis malgré plusieurs coups de poignard dans la poitrine. Mais la maladie gagnera la partie et emportera l’auteur de My Sweet Lord le 30 novembre 2001.

I really want to see you…

Si Mark David Chapman, l’assassin de Lennon a été arrêté et condamné à la prison à perpétuité, les raisons de son acte n’ont jamais été clairement élucidées. Par ailleurs, les Beatles ont toujours joué avec la mort. Des canulars de potaches, des messages sybillins apparaissent dans certaines de leurs compositions, sur des pochettes de disques, des photos. On affirme ainsi que Paul McCartney serait mort en 1966 dans un accident de voiture et remplacé par un sosie. La rumeur est lancée à l’époque d’Abbey Road trois ans plus tard en 1969 et booste les ventes de l’album. McCartney souvent considéré comme le businessman du groupe ne fera donc rien pour démentir cette rumeur noire.
Toujours dans l’album Abbey Road, dans le titre Come together, John Lennon insiste dans un morbide qui va devenir prémonitoire :

Shoot me, shoot me, shoot me...  

Un jour viendra où quelqu’un entendra son appel.

A lire aussi : L'étrange cas du Dakota Building


Gérard Conreur pour France Culture, 30 novembre 2010

mercredi 15 septembre 2010

Patrimoine : Quand femmes et hommes construisent l'Histoire

Thème choisi cette année pour la 27ème édition des Journées européennes du patrimoine : Quand femmes et hommes construisent l’histoire. Un double parcours : autour du personnage lui-même et en cheminant sur ses pas, les lieux marqués par son souvenir, sa vie ou son œuvre. 

Quelques exemples de fiches pratiques à retrouver sur le site officiel sous la rubrique : 1 lieu / 1 jour / 1 nom. Le principe : chaque jour, une femme ou un homme célèbre qui a marqué notre patrimoine et pour chaque figure, une sélection de lieux qui lui sont associés et que vous pouvez découvrir l’espace d’une journée ou d’un week-end. Exemple pour Paris et l’Ile de France : Marie Antoinette avec le Château de Versailles, la Conciergerie, Gustave Eiffel avec la Tour Eiffel ou le baron Haussmann avec une vaste promenade-découverte, Place de l’Etoile, Avenue de l’Opéra, boulevard Saint-Germain, etc. 

Paris n’est pas la France, comme on le dit fort justement dans nos régions alors quittons la capitale. A une heure de TGV se trouve la maison natale Général de Gaulle à Lille. Toujours dans le Nord-Pas de Calais, voir le musée Henri Matisse au Cateau-Cambrésis et à Bohain-en-Vermandois, entre Cambrai et Saint-Quentin, la maison familiale, une graineterie : Aux graines d’élite où le peintre passa son enfance. D’autres exemples de fiches pratiques des Journées du patrimoine allant de François 1er pour la région Centre avec Blois ou le Clos Lucé à André Malraux et son musée au Havre. Des lieux enfin ou plutôt de véritables monuments de mémoire, si évidents, si incontournables qu’on les oublie parfois : le Panthéon, les Invalides et combien d’autres encore à Paris mais aussi partout en France et dans les départements d’outre-mer. Il n’y a vraiment que l’embarras du choix. Il suffit pour cela d’ouvrir un livre d’Histoire. Du Domaine de  la Pagerie en Martinique pour Joséphine de Beauharnais au Domaine de Ferney, en région Rhône-Alpes pour François Marie Arouet dit Voltaire...

Autre dimension de ces journées du patrimoine, numérique cette fois. Ce n’est pas l’odeur des vieilles demeures, la patine des meubles anciens, la brillance des lustres ou le paisible ordonnancement des jardins à la française, l’accès se fait chez vous depuis un simple clavier d’ordinateur. Pour ces journées du patrimoine, les internautes peuvent découvrir l’aménagement et les ameublements de la reine Marie-Antoinette par la visite virtuelle du Petit Trianon en 3D. Un projet mené sous l’autorité du Château de Versailles. D’autres réalisations numériques attrayantes sont proposées sur le site des Journées européennes du Patrimoine. D’un simple clic, partez à la découverte de vos ancêtres et plongez-vous dans le moteur de recherche « généalogie », riche de 6 millions de fiches accessibles à tous. Enfin, volez en relief au cœur de Notre-Dame de Paris dont la bande annonce figure également sur le site des Journées du patrimoine. Le film a été tourné en 3D depuis un dirigeable télécommandé équipé de deux caméras haute définition et sera projeté à l’auditorium de la Cité de l’architecture et du patrimoine, Palais de Chaillot, samedi et dimanche, toutes les 30 minutes, de 12h à 18h.

Le patrimoine à l’ère du numérique, à découvrir ici.

Lire aussi : 27ème édition des Journées européennes du patrimoine 


Gérard Conreur pour France Culture, 15 septembre 2010

mardi 14 septembre 2010

Patrimoine : Reconstruire les Tuileries ou Saint-Cloud ?

Retour en France pour un dernier exemple, celui du Château de Saint-Cloud dont on prétend encore fréquemment qu’il fut détruit lors des incendies de la Commune. En fait, c’est un obus tiré depuis le Mont Valérien lors de la guerre franco-prussienne qui aurait mis le feu aux appartements de Napoléon III. Les Prussiens sur place auraient laissé le feu se propager et pourraient même l’avoir activé. Une source ancienne affirme que des traces de pétrole ont été décelées. 

Devenu aujourd’hui, Domaine national de Saint-Cloud, on se souvient essentiellement du château de Monsieur, Duc d’Anjou, frère du roi Louis XIV qui en fait l’acquisition en 1658. Dès lors, le château de Saint-Cloud va s’inscrire dans notre histoire au fil des siècles. Offert en 1784 par Louis XVI à Marie-Antoinette, le château sera le théâtre du Coup d’Etat du 18 brumaire qui vit le Directoire remplacé par le Consulat en 1799. C’est à Saint-Cloud enfin que Napoléon III déclare la guerre à la Prusse. Après le désastre de Sedan et tandis que Paris est assiégé, le château de Saint-Cloud est occupé par les Prussiens qui y établissent leur quartier-général jusqu’à cet incendie du 13 octobre 1870. Comme pour les Tuileries, l’essentiel restait debout et divers projets vont être envisagés pour la sauvegarde des ruines de Saint-Cloud mais aucun n’aboutira. Vingt ans après le désastre, le couperet de la IIIème République tombe en 1891, pour des raisons de sécurité, la destruction totale est décidée. On gomme ainsi plusieurs siècles d’histoire.

Cathédrale du Christ-Sauveur, Moscou ©Wikipédia
Cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou

Il existe un mouvement plus ou moins récent visant à la reconstruction de monuments historiques et ce phénomène ne concerne pas que notre pays, bien sûr, même si l’action de la France fut souvent exemplaire. Nous avons vu le cas de l’Allemagne avec la Frauenkirche de Dresde. On songe aussi à la possible reconstruction du Berliner Stadtschloss, le Château de Berlin, résidence des Hohenzollern, qui endommagé durant la Seconde Guerre mondiale fut dynamité par les communistes dans les années 50 pour faire place à un Palais de République, aussi ravissant qu’une barre HLM des années 60 et à son tour démoli pour des questions de désamiantage. Depuis la chute du communisme, les reconstructions se succèdent à l’est. L’une des plus spectaculaires concerne la cathédrale du Christ Saint Sauveur de Moscou que Staline avait fait raser en 1931. Il n’en restait rien. Une souscription auprès des Moscovites permit la pose de la première pierre en janvier 1995. La nouvelle cathédrale construite à l’identique fut consacrée en août 2000.

D’autres reconstructions se sont imposées immédiatement : le parlement de Bretagne à Rennes dévasté par les flammes en 1994, la Fenice de Venise également ravagée par le feu en 1996 ou plus symboliquement le vieux pont de Mostar en Bosnie détruit depuis les positions croates en 1993 et reconstruit à l’identique sous l’égide de l’Unesco. Que dire enfin de tous ces monuments victimes de tremblements de terre ou d’inondations catastrophiques comme celles de Florence en 1966 ?

Le Palais des Tuileries après et avant l'incendie de 1871 ©Wikipédia
Le Palais des Tuileries après et avant l'incendie de 1871

Pour autant faut-il tout reconstruire ? Ne risque-t-on pas de pasticher notre passé, ou, pourquoi pas, de trahir notre histoire ? Dans un exemple extrême encore, imaginons un instant un projet de réédifier la Bastille ? Si la reconstruction des Tuileries avait pu être menée dans les années qui suivirent le sinistre alors que les façades et le gros œuvre étaient encore en place, la question ne se serait pas posée. C’était une évidence. Même remarque pour le château de Saint-Cloud. Mais de ces deux monuments majeurs dans notre histoire, il ne subsiste que les fondations. Autrement dit, rien qui n’accroche notre mémoire. Tout devrait donc être rebâti à neuf. Quel serait alors le regard que nous pourrions porter sur des Tuileries ou un château de Saint-Cloud surgit des limbes ?
Il est vrai que le Louvre, sans les Tuileries, offre la vision de deux bras tendus vers le vide, que le parc de Saint-Cloud est un écrin de verdure dans lequel il manque le joyau principal. Les Tuileries reconstruites pourraient devenir une extension du Louvre où la place vient à manquer. Les travaux d’une durée de quatre ans après obtention du permis de construire seraient financés par souscription et appel au mécénat sans qu’il en coûte un sou au contribuable. Même chose pour le Château de Saint-Cloud qui pourrait abriter un musée vivant des métiers d’art à la française et dont la reconstruction serait autofinancée par les visiteurs comme c’est le cas aujourd’hui pour d’autres chantiers de reconstruction.
La reconstruction a ses partisans mais aussi ses détracteurs. Le domaine est plus sensible qu’on ne l’imagine et ne se limite pas à des questions d’urbanisme ou de perspectives, à des sommes investies ici au lieu de l’être là, à ces milliers d’heures de travail confiées aux artisans d’art, compagnons tailleurs de pierre, charpentiers ou maitres ferronniers. Parfois en évoquant la reconstruction de la demeure des rois, on effleure (de lys) le délit de lèse-République…

Retour : 27ème édition des Journées européennes du patrimoine

Gérard Conreur pour France Culture, 14 septembre 2010

Patrimoine : 27ème édition des Journées européennes du patrimoine

Evénement désormais classique de la rentrée, les Journées européennes du patrimoine auront lieu les 18 et 19 septembre. L’année dernière, plus de 12 millions de visites ont souligné le vif engouement des Français pour leur patrimoine. Un patrimoine au sens très large du terme : architecture historique, religieuse mais aussi témoins de notre histoire au quotidien, de notre activité industrielle, militaire, agricole, parcs et jardins, mobiliers... Bref, tout ce qui fait notre identité culturelle. 

Les Journées européennes du patrimoine, c’est peut être aussi l’occasion en se penchant sur notre passé d’imaginer d’autres actions visant, non à le faire renaître mais à lui rendre parfois sa place dans notre histoire. Il existe ainsi des ruines qui, par la passion des hommes, peuvent progressivement se relever. Certains projets de reconstruction paraissent utopiques mais d’autres reposent sur de solides bases. Ainsi la plupart des visiteurs de l’actuel Hôtel de ville de Paris imaginent-ils encore l’état de ruine dans lequel se trouvait l’édifice après les événements tragiques de la Commune de Paris ? Si le Louvre fut sauvé de l’incendie in extremis, il n’en fut pas de même du palais des Tuileries qui brûla durant trois jours.

Malgré tout, à l’inverse de l’Hôtel de ville bien plus endommagé, les façades et le gros œuvre des Tuileries demeuraient en place. Seuls la toiture, les planchers et l’aménagement intérieur avaient brûlé et une reconstruction restait tout à fait possible. Les photographies de l’époque nous dévoilent d’ailleurs un immense bâtiment presque intact. Malgré les requêtes, nombreuses pétitions, commissions parlementaires, les noms du baron Haussmann et de Viollet-le-Duc, tous les deux très impliqués pour le sauvetage du palais, les ruines furent définitivement rasées en 1883 alors que rien ne le justifiait. Aujourd’hui, des voix s’élèvent à nouveau et il existe un Comité national pour la reconstruction des Tuileries. 


Frauenkirche de Dresde ©Wikipedia
Après la Seconde Guerre mondiale, l’Europe est en ruines. A la suite des bombardements, des chefs d’œuvre architecturaux ont subi de tels dommages que tout espoir de les sauver semble perdu. Ainsi en est-il de la Frauenkirche de Dresde, probablement l’une des plus belles églises luthériennes d’Allemagne. Edifiée au début du XVIIIème siècle, elle fut totalement anéantie non par les bombardements alliés intensifs qui détruisirent Dresde mais par la chaleur des incendies. Puis c’est le partage de l’Allemagne, Dresde est située en RDA et durant quarante cinq ans, les herbes folles prennent possession d’un terrain vague un peu surélevé constitué de gravats et de pierrailles. C’est après la réunification de 1990 que des initiatives encore bien modestes voient le jour notamment lors du 45ème anniversaire de la destruction de Dresde. Quelques passionnés vont parvenir à fédérer un élan national qui, bientôt, dépassera les frontières. Vingt pays s’impliqueront dans le projet. Entre le déblayage des gravats, la pose de la première pierre en mai 1994 et l’achèvement de la reconstruction, plus de dix ans se sont écoulés au chevet d’un chantier d’une invraisemblable complexité mais le défi a bel et bien été relevé.


Le centre historique de Varsovie est un autre exemple de reconstruction à couper le souffle. La ville a été délibérément détruite en août 1944 en représailles contre la résistance polonaise. Après l’échec d’une insurrection qui dura 63 jours, les nazis ont incendié la capitale polonaise, maison par maison, rue après rue avant de faire sauter les édifices historiques. Les ruines de Varsovie devaient servir d’exemple à l’Europe occupée. Varsovie comptait 1,3 million d’habitants à la veille de la Seconde Guerre mondiale. 800 000 personnes y ont trouvé la mort entre 1939 et 1945. La ville a été détruite à 85%. Certains quartiers, en particulier la vieille ville et le ghetto, au nord de l’agglomération, ont été complètement rasés. Seuls quelques pans de façade restés debout permettaient de situer le tracé des anciennes rues disparues sous les décombres des immeubles effondrés. Dès la fin de la guerre, des varsoviens reviennent dans la capitale dévastée et malgré des difficultés innombrables à vivre dans les décombres d’une cité où plus rien ne fonctionne, éclairage, eau, électricité, ils vont jouer un rôle déterminant dans la patiente reconstruction de leur ville. La vieille ville de Varsovie est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco en 1980. Tout n’est pas encore terminé mais les Polonais n’ont pas, non plus, l’intention d’en rester là.

A lire aussi : Reconstruireles Tuileries ou Saint-Cloud ?



Gérard Conreur pour France Culture, 14 septembre 2010

lundi 9 août 2010

Le dernier baroud de Bruno Cremer





L’été est meurtrier pour le cinéma français, après Bernard Giraudeau et Philippe Avron, on a appris la mort de Bruno Cremer samedi, à l’âge de 80 ans et des suites d’un cancer. La première pensée qui vient à l’esprit lorsque l’on évoque ce comédien, c’est le rôle qu’il endossa durant près d’une quinzaine d’années, celui du Commissaire Maigret. 54 fois, il fut Maigret chez les Flamands, Maigret et l’affaire Saint-Fiacre, Maigret tend un piège et autre Maigret et l’étoile du nord, son ultime enquête en 2005 car si le personnage est bien là, ce n’est plus la voix de Bruno Cremer, qui atteint d’un cancer de la gorge, est doublé par un autre comédien. Aussi décide-t-il d’arrêter sa carrière. 

Reste que Cremer fut un Maigret au dessus de tout soupçon. Sans doute le plus fidèle à l’esprit de Simenon. Réservé, discret, ne se fiant jamais aux apparences, un Maigret de l’intérieur, personnage insolite qui hante ces petits bistro-épiceries générales de nos provinces perdues que personne ne fréquente jamais sauf quelques mariniers tuant le temps le long de canaux tristes. Maigret qui se régalait d’un blanc sec le matin, d’une blanquette de veau en plat du jour et d’un cognac étoilé lorsque la nuit tombait. 

Alors évidemment Bruno Cremer, c’est Jules Maigret mais revenons au comédien et laissons le personnage. On pourrait citer bien plus qu’une série télé. Bruno Cremer connaît une véritable consécration au cinéma dans la 317ème section de Pierre Schoendoerffer en 1965 aux côtés de Jacques Perrin. L’action se déroule en 1954 en pleine guerre d’Indochine, l’autre nom du Vietnam quand les Français s’y engluaient. C’est une histoire d’hommes, de militaires, de baroud un peu désespéré qui traversant marécages infestés et jungle hostile conduit droit à un sacrifice inutile. Bruno Cremer y incarne l’adjudant Willsdorff, un juteux qui après avoir fait ses premières armes contre les nazis, s’est exporté vers Saïgon, histoire de voir du pays sans perdre la main. 

Dans la bande du film, car c’est une bande de copains, outre Perrin et Cremer, le producteur Georges de Beauregard et à la photo, Raoul Coutard, toujours à ronchonner quand la lumière ne lui plaît pas. Cremer, fidèle, aura l’occasion de retrouver ses copains : Objectif 500 millions en 1966, La Légion saute sur Kolwezi (Raoul Coutard), Là-haut, un roi au-dessus des nuages.

Ces films vont donner de Bruno Cremer, l’image d’un baroudeur, d’une force de la nature à la carrure imposante et à la poigne d’acier. Pourtant, dans la vie, il était tout le contraire, pudique, réservé, aimable, toujours souriant. Il sera le colonel Rol-Tanguy pour Paris brûle-t-il ? Jules Bonnot dans le film de Philippe Fourastié de 1968 où il croise Jacques Brel, alias Raymond la science. En 1989, il devient prof de philo dont le destin va croiser celui d’une étudiante un peu paumée que joue Vanessa Paradis dans le film Noce Blanche de Jean-Claude Brisseau. Le film fait 2 millions d’entrées, il consacre Vanessa Paradis dont c’était le premier rôle à l’écran. Bruno Cremer y est magistral. 

La silhouette de Bruno Cremer a traversé un demi-siècle de cinéma français et y laisse une empreinte durable. On l'a vu devant les caméras de René Clément, Costa Gavras, Patrice Chéreau, Yves Boisset, José Giovanni, François Ozon, etc. La liste est longue, le personnage ne fait pas dans la bluette, les films sont souvent engagés. Et c’est avec Pierre Schoendoerffer en 2003, que Bruno Cremer tournera son dernier film La-haut, un roi au dessus des nuages en 2004. Ainsi la boucle est bouclée. Comme pour la 317ème Section, l’action se déroule, là-bas, très loin dans le sud-est asiatique, au soleil cuisant et aux averses tropicales. Il y est question du baroud et de guerres oubliées...

Gérard Conreur pour France Culture, 9 août 2010

vendredi 6 août 2010

6 août 1945 : le dernier matin d'Hiroshima

6 août 1945 : il fait beau sur Hiroshima, le temps est clair, l'atmosphère vivifiante et tonique et pour un peu on pourrait se croire dans une ville tranquille et active du Japon traditionnel d'avant-guerre.

En fait, la ville n'a jamais été réellement menacée par les bombardements de ces années de guerre au point que les habitants d'Hiroshima ne lèvent même plus les yeux vers le ciel lorsque les B-29 américains zèbrent le ciel pour aller bombarder d'autres villes jugées sans doute plus stratégiques ou plus importantes. La ville qui compte un demi million d'habitants, compte tenu du stationnement permanent d'une importante garnison militaire, est située bien loin de Tokyo, trop loin peut-être pour présenter un grand intérêt aux yeux de l'Etat Major américain.

Le dernier matin


Pourtant, cette fois, peu après 7h les sirènes se mettent à hurler à l'approche d'un B-29 dont on apprendra plus tard qu'il était en mission d'observation météo. Fin d'alerte une demie heure plus tard. Peu après 8h, une autre forteresse volante fera son apparition dans le ciel d'Hiroshima mais personne ne pourra observer ce petit point noir qui s'est détaché du B-29 tandis que l'appareil amorce aussitôt une fulgurante manœuvre de repli.

Cinquante-trois secondes après son largage de l'Enola Gay, la première bombe atomique, baptisée Little Boy explose à près de 600 mètres au dessus d'Hiroshima. A l'éclair nucléaire, suivra le sinistre champignon qui s'élèvera à plus de 10 000 mètres d'altitude dans un grondement de fin du monde.

Hiroshima vient de vivre son dernier matin. La ville toute entière a disparu. Il est un peu plus de 8h15.

L'enfer et le hasard

Little boy, la bombe qui détruisit Hiroshima le 6 août 1945 à 8h15, représentait une puissance d'environ 15 kilotonnes de TNT. Ce qui est faible en comparaison aux charges nucléaires modernes qui peuvent dégager une énergie exprimée, cette fois, en mégatonnes de TNT. Pourtant, 100 000 personnes périssent instantanément à Hiroshima à l'instant de l'explosion. 100 000 autres disparaîtront dans les cinq années qui suivront, des suites de leurs brûlures, de leurs blessures ou par suite d'irradiations. Aujourd'hui, soixante-cinq ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale et malgré que le sujet soit tabou, on meurt toujours au Japon de la lèpre nucléaire...

Les bombes qui furent larguées sur Hiroshima et Nagasaki étaient sensiblement différentes l'une de l'autre. La première fut baptisée Little boy (P'tit gars) en raison de sa petite taille et malgré le fait que l'engin pesait tout de même quatre tonnes. Les militaires américains choisirent de la faire exploser à près de 600 mètres d'altitude au dessus d'Hiroshima afin d'en optimiser les effets destructeurs. C'était une bombe A à uranium enrichi et reposant sur le principe de la fission par opposition aux bombes H ou bombes à hydrogène de fusion nucléaire, plus connues encore sous le nom de bombes thermonucléaires.

Fat man (Gros mec) était également une bombe A mais au plutonium cette fois et d'une puissance équivalente à 22 kilotonnes de TNT. Elle aussi explosera à plusieurs centaines de mètres du sol. Les stratèges américains veulent être sûrs que l'explosion délivrera ainsi sa puissance maximale. En effet, en raison du caractère secret du projet Manhattan, des tests réels n'ont pu être menés. Fat man va tuer 40 000 personnes. Une déception pour l'équipage du bombardier et qui pose une autre question : pourquoi la ville de Nagasaki fut-elle choisie ?

Trois jours après le succès d'Hiroshima, le président Truman donne l'ordre de larguer une seconde bombe atomique sur le Japon. La cible visée est la ville de Kokura aujourd'hui Kitakyushu sur l'île de Kyushu à l'extrême sud-ouest du Japon. Mais les B-29 qui vont participer à cette seconde mission qui n'a plus le panache, ni l'étoffe de pionnier de l'Enola Gay vont essuyer une série de déboires invraisemblables.

le B29

Ce jour-là, le ciel est plombé. La couverture nuageuse épaisse n'autorise pas la moindre visibilité. De plus, les bombardiers américains sont ballotés comme des fétus de paille au milieu d'une véritable tempête qui malmène appareils et équipages. Et puis survient une panne de radio. Impossible de revenir à la base de Tinian dans le Pacifique avec Fat man à bord, une bombe atomique de plusieurs tonnes dans la soute et qui, de surcroît, est armée. Le temps perdu en manoeuvres de vol et en recherches de la cible ont consommé trop de kérosène : il faut larguer coûte que coûte Fat man pour alléger l'appareil avant que le B-29 lui-même ne s'écrase en mer. 

Brusquement sur le chemin du retour, un trou dans les nuages laisse apparaître des routes, les premiers bâtiments, bientôt une cité toute entière. Durant quelques instants, l'équipage se concerte et arrête une décision unanime. 

A Nagasaki, il est exactement 11h01.

Gérard Conreur pour France Culture, 6 août 2010

mardi 27 juillet 2010

Les "Trois Glorieuses" ou la République confisquée

En Août 1829, Charles X appelle au gouvernement le prince Jules de Polignac. Ultra parmi les ultras, Polignac est un mystique dévoué corps et âme à son roi et paralysé dans une vision de la société que déforment les préjugés les plus redoutables. Il succède à Martignac que Charles X a sans doute jugé trop libéral. En fait, pour Charles X, c'est une maladresse de plus et la goutte d'eau qui fait déborder le vase.

Charles X - gravure sur bois

Charles X devient plus impopulaire que jamais. Les caricaturistes du temps s'en donnent à cœur joie, sans retenue aucune et le montrent le regard hébété, des oreilles d’âne et brisant entre ses dents une noisette. Charles X devient pour eux le grand casse-noisette du 25 juillet. Inutile de traduire ce qu’est encore de nos jours un casse-noisette... 

Le successeur de Louis XVIII a dissous la Chambre jugée trop hostile au pouvoir mais les élections lui retournent une opposition plus ardente encore. Devant cet état de fait, Charles X et Polignac décident le 25 juillet 1830, de régler une fois pour toute la situation par quatre ordonnances dites de Saint-Cloud. La deuxième ordonnance prononce la dissolution de la Chambre avant même que celle-ci ne se soit réunie, la troisième réserve le droit de vote aux seuls riches propriétaires fonciers restreignant ainsi fortement la capacité électorale. La quatrième ordonnance fixe la date de nouvelles élections mais surtout la toute première ordonnance suspend la liberté de la Presse accusée d'être un instrument de désordre et de sédition et contraint celle-ci à l'autorisation préalable. Pour les directeurs de journaux, c’est la ruine et le chômage. De nombreuses publications disparaîtront. 

Dans d'autres branches d'activité, les nouveaux exclus du corps électoral, suivant l'exemple de la Presse, licencient tout leur personnel. Ces nouveaux chômeurs constitueront, le moment venu, les émeutiers les plus motivés. N'est-ce pas à cause du gouvernement qu'ils se retrouvent sur le pavé ? 

Pour les intellectuels et la haute bourgeoisie, la coupe déborde tandis que les journalistes donnent le signal de la rébellion le 26 juillet 1830. Après concertation, plusieurs journaux paraissent le lendemain, le mardi 27 juillet, malgré l'ordonnance, publiant en bonne place le même manifeste : Le Moniteur a publié enfin ces mémorables ordonnances, qui sont la plus éclatante violation des lois. Le régime légal est donc interrompu : celui de la force est commencé... L'obéissance cesse d'être un devoir... y affirme Adolphe Thiers, alors jeune journaliste. Le reste de l'article est un véritable réquisitoire contre les excès du pouvoir. Evidemment, la réaction ne se fait pas attendre : dès parution, l'imprimerie du National et celle du Temps sont envahies par la police et les presses placées sous saisie lorsqu'elles ne sont pas mises hors d'usage. Des attroupements se forment aux abords des journaux investis par les forces de l'ordre. Bientôt, la garde à cheval éprouve des difficultés à les contenir. L'émeute éclate aux abords du Palais Royal. Il s'agit de disperser les manifestants, sabre au fourreau mais le ton monte. Des coups de feu éclatent, des hommes tombent. La foule s’empare de l'Imprimerie Royale. Des casernes sont incendiées. A quatre heures de l'après midi, l'état de siège est proclamé mais on ne veut rien dramatiser et la troupe regagne ses quartiers. On reste calme, du moins en apparence, à Saint-Cloud où Charles X fait sa partie de bridge habituelle ou plutôt de whist comme on appelle alors ce jeu de cartes. 

Tandis que Saint-Cloud s'endort, on abat à Paris d'autres cartes, on prévoit d'autres mises qui feront, le jour venu, échec au roi. Pour la première fois, la haute bourgeoisie de la finance et de l'industrie qui, par les ordonnances de Charles X, se voit éliminée de la vie politique, se joint au peuple de la rue mais l’illusion de cette impossible fraternité sera de courte durée. La République est à portée de main mais une fois chassé Charles X, la bourgeoisie parisienne se contente de changer de roi tandis que la Presse, dont Le National, sous la plume de Thiers, soutenu par le vieux La Fayette, fait campagne pour le duc d'Orléans, chef de la branche cadette des Bourbons, fils de Philippe Egalité et qui deviendra Louis-Philippe 1er.

La Liberté guidant le peuple

L'espoir du peuple de proclamer la république est anéanti mais de son parcours politique avec la bourgeoisie qui l'a trompé à son unique profit, il en tirera tous les enseignements. Jamais plus, ouvriers et bourgeois ne parleront le même langage.
Les journées des 27, 28 et 29 juillet 1830 deviendront pour l’Histoire, les Trois Glorieuses.

Les Parisiens ont chassé Charles X qui trouvera refuge en Angleterre puis en Autriche. Piètre résultat des barricades et de tout le sang versé – les chiffres, très incertains, évoquent plusieurs centaines de victimes – , la Révolution va accoucher de la Monarchie de Juillet qui, certes, rétablira le drapeau tricolore... 

Maigre consolation que nous rappelle le tableau d’Eugène Delacroix : La liberté guidant le peuple. Place de la Bastille, la Colonne de Juillet commémore ce même événement survenu il y a tout juste 180 ans. 

Gérard Conreur pour France Culture, 27 juillet 2010

vendredi 9 juillet 2010

Le beffroi de Lille ouvert au public

Bienvenue chez les Ch’tis. Non, il ne sera pas question de Fricadelle, de tartines de maroilles trempées dans le café noir, des guichets de la Poste de Bergues où se déroule l’action du film. Le seul lien que l’on puisse établir ici, serait le beffroi de cette ville. Celui de Bergues n’est pas le plus haut de la région Nord-Pas de Calais mais pourtant la grimpette essouffle son homme, son escalier en colimaçon vous donne, en prime, le tournis et le peu que parvenu là-haut, il soit l’heure pile d’un air de carillon, vous voilà sourd pour un moment.

Le Beffroi de Lille © Gérard Conreur
Le beffroi de Lille - © Gérard Conreur

Pour monter encore plus haut, deux fois plus haut, il faut prendre la direction de la capitale des FlandresLille dont le beffroi culmine à 104 mètres mais jusqu’alors pas de précipitation, il n’était pas très simple de prévoir une ascension. Mission presque impossible disaient les mauvaises langues. Il fallait constituer un groupe, se rendre à l’Office du tourisme pour des visites en nombre limité. De plus, souligne-t-on à la Mairie de Lille, le site n’était pas suffisamment sécurisé pour l’accueil du public, etc. Bref, rien de très pratique, ni de très logique pour les visiteurs qui se trouvant fréquemment bouché bée devant les portes closes au pied du beffroi, renonçaient à leur projet.

Pourtant depuis 2005, 23 beffrois de la région dont celui de Lille sont  inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO et l’année suivante, l’édifice lillois, le plus haut beffroi d’Europe du Nord, avait fait l’objet de travaux de rénovation.

Les choses ont changé tout récemment et cela valait bien la peine de le souligner. On a pensé aux touristes mais aussi aux gens du Nord et aux Lillois en particulier qui enfin pourront découvrir leur ville de plus haut. La mairie de Lille et l’Office de Tourisme ont bien fait les choses. Du personnel a été recruté pour accompagner le public. Au programme : cent marches à gravir mais avec des paliers avant de parvenir à la billetterie où les visiteurs se voient remettre un audio guide en plusieurs langues et une paire de jumelles. Ensuite plus de trois cents marches à grimper. Non, je plaisante car un ascenseur les attend. Là-haut deux plateformes d’observation l’une vitrée à 68,55 m, l’autre à 72,55 m pour apprécier toute la vigueur du vent du Nord et pour un panorama à 360° sur les Monts des Flandres ou les terrils du Pas de Calais. Soit, par beau temps, trente kilomètres à la ronde. Les trois cents marches ne sont là que pour les sportifs ou ceux qui veulent descendre librement en y prenant le temps.

La construction

Pour le reste, le beffroi de Lille, c’est toute une histoire. En 1916, un incendie dévaste l’Hôtel de Ville jouxtant le Palais Rihour bâti en 1453 sous le règne de Philippe le Bon. Pour l’édification du nouvel hôtel de ville, le quartier populaire de Saint-Sauveur qui a beaucoup souffert des bombardements de la Première Guerre mondiale est choisi. Le projet retenu est celui très audacieux de l’architecte Emile Dubuisson. Le maire de Lille est alors Roger Salengro qui sera ministre de l’Intérieur à l’époque du Front populaire. La construction de l’hôtel de ville .se déroule de 1924 à 1932 et de 1929 à 1931 pour le beffroi.

 C’est la première fois que la technique du béton armé est utilisée pour un bâtiment de cette hauteur. On va donc construire un ascenseur au centre du beffroi pour acheminer les hommes et les matériaux de construction. L’ascenseur grimpera donc au fur et à mesure de l’édification du beffroi au rythme de 4,10 mètres d’altitude par mois. A la base du beffroi, deux personnages sont sculptés, les géants fondateurs de la ville, Lydéric et Phinaert.

Les beffrois dans le Nord de la France symbolisaient l’affirmation des libertés communales, la fierté de la ville et sa prospérité. A l’origine, ils permettaient le guet et de prévenir l’envahisseur ou toute menace comme les incendies par exemple. Ils donnaient l’heure sans connotation religieuse – contrairement aux églises sonnant l’Angélus - visuellement grâce à l’horloge mais aussi à l’aide de quelques notes de carillon. Il existe un autre beffroi à Lille, celui de la Chambre de Commerce et d’Industrie, non loin de la Grand Place, mais qui lui, ne peut être visité. Il égrène par contre régulièrement quelques notes de l’Hymne à la joie et parfois aussi le p’tit Quinquin.

La Chambre de Commerce et d'Industrie de Lille  ©Gérard Conreur
La CCI de Lille © Gérard Conreur

Côté pratique :

Venant du sud, on monte dans le Nord. Alors pourquoi ne pas prendre plus de hauteur encore en escaladant le beffroi ?

Il est ouvert toute l’année du mardi au dimanche, de 10h à 13h et de 14h à 18h (17h de novembre à mars) ainsi que les jours fériés sauf 1er janvier, 1er mai et 25 décembre. Tarif plein : 6€ / tarif réduit : 4€ (moins de 18 ans, étudiants, demandeurs d'emploi, allocataires du RSA, détenteurs du Pass Senior et du City Pass Lille Métropole, groupes à partir de 4 personnes). Gratuit pour tous les 1er et 3ème mercredis de chaque mois.
L'entrée comprend le prêt un  audio-guide en français, anglais, allemand et néerlandais et d'une paire de jumelles.

Attention : en raison de la préparation de la Grande Braderie, le beffroi est fermé du 24 août au 6 septembre inclus.

En savoir plus ? Deux sites à découvrir Site officiel de l’office de Tourisme et Lilletourism.


Gérard Conreur pour France Culture, 9 juillet 2010

mardi 6 juillet 2010

A l'heure du Bac 2010, les vertes années du Certif...



Le Certificat d’Etudes Primaires, le Certif pour ceux qui l’ont connu, c’était une série d’images qui nous faisait entrer dans la cour de récré d’une École communale avec son préau et ses deux ou trois platanes dont les première feuilles mortes tapissant le sol sonnaient l’heure de la rentrée et la fin de l’été. Ces fameuses feuilles d’automne emportées par le vent...  Murmures de la récitation en chœur des tables de multiplication. Sur les murs de la classe, entourant le tableau noir, la carte de France avec son bassin parisien, son massif central, son golfe du lion, ses grands fleuves, l’énigmatique Mont Gerbier des Joncs, ses fascinants Puy de Sancy et Plomb du Cantal... Sur une autre planche, les mesures du système métrique avec ses poids et ses mesures joliment illustrés. Il y avait aussi la coupe d’une fleur avec son pistil, ses pétales curieusement masculins, ses étamines définitivement féminines. D’autres images encore... Une abeille en écorché ou une grenouille. Inoubliables leçons de chose ou de morale. La date à la craie et cette encre violette qui faisait des pâtés à cinq carreaux de la marge. 

Ecole de la République - Vely ©Fotolia.com


C’est en 1866 dans la France du Second Empire et sous l’impulsion de Victor Duruy, ministre de l’instruction publique, que naît le Certificat d’Etudes Primaires. Quelques années plus tard, entre 1880 et 1882, changement de régime - nous sommes alors sous la III° République -, Jules Ferry rend l’école respectivement laïque, gratuite et obligatoire. Il est confié à l’instituteur le soin d’enseigner la lecture et l’écriture mais aussi ces règles élémentaires de la vie morale qui ne sont pas moins universellement acceptées que celles du langage ou du calcul. C’est le temps des Hussards noirs de la République. Être instituteur ce n’est pas choisir une profession comme une autre mais bien plus s’engager dans un véritable sacerdoce. L’instituteur est un notable d’un nouveau genre, ni maire, ni notaire, ni aristo. Dans une France résolument catholique, il ne fréquente pas l’église et explique la création du monde par la mécanique céleste. Fervent républicain, souvent très seul, il n’attend rien de personne. Il n’est pas rare qu’il paie sur son modeste traitement  l’équipement pédagogique de sa classe. C’est un moraliste né, il refuse l’apéritif parce que l’alcool ruine l’honnête travailleur et plonge sa famille dans la misère. L’eau est pour lui la plus hygiénique des boissons et la plus économique aussi. Dans les villages, Monsieur le Curé et Monsieur l’Instituteur font rarement bon ménage. Les souvenirs de Marcel Pagnol, enfant, - son père était lui-même instituteur – même largement romancés nous laissent de cette époque du début du XX° siècle un témoignage tendre et drôle.
Le but que se fixe l’instituteur des campagnes mais aussi des villes, son idée fixe : présenter tous ses enfants sans exception à l’examen du redouté et prestigieux Certificat d’Études Primaires. Il ne faut pas qu’il y ait le moindre échec.

La carte de France et Marianne
Symboles de la Classe, la carte de France et Marianne
Le précieux diplôme que l’on apparentera bien à tort à un baccalauréat du pauvre sanctionne la fin des études comme le souligne un texte de 1882 : Il est institué un certificat d'études primaires ; il est décerné après un examen public auquel pourront se présenter les enfants dès l'âge de onze ans. Ceux qui, à partir de cet âge, auront obtenu le certificat d'études primaires, seront dispensés du temps de scolarité obligatoire qui leur restait à passer. Et ils pourront donc entrer dans la vie active. C’est la raison d’être du Certificat d’Études Primaires à tel point que par la suite deux années supplémentaires après celles du cours moyen seront nécessaires pour tous ceux qui n’entrant pas dans le Secondaire souhaitent être présentés à l’examen. Le Certificat d’Études n’est donc en aucun cas un sous-diplôme.

En 1936, le Front populaire qui va rendre la scolarité obligatoire jusqu’à 14 ans ne va pas modifier le statut du C.E.P.  Après la guerre, l’Éducation nationale confirme la vocation du Certificat d’Études à déboucher directement sur le monde du travail même si les classes de fins d’études déclinent inexorablement. La reconstruction puis les Trente glorieuses qui nécessitent une main d’œuvre abondante souvent peu qualifiée marqueront les dernières heures de gloire de ce diplôme progressivement discrédité par le monde enseignant selon lequel sont dirigés vers le C.E.P. tous ceux qui n’aiment pas l’école. En réalité, après le Certif, les scolaires les plus prévoyants optent pour l’entrée en apprentissage ou une formation professionnelle vers un CAP préparé en deux ou trois ans. Lorsque la crise va s’étendre et avec elle le chômage, la seule parade ne sera pas de rendre l’orientation professionnelle plus performante, l’une des faiblesses endémiques de notre système éducatif, mais d’allonger la scolarité sans la mettre véritablement en phase avec les défis du monde actuel. Il s’agit de caser des contingents pour les mettre à l’abri du chômage sans les armer à y faire face.

Le Certificat d'Etudes Primaires est supprimé par décret - et dans l'indifférence générale - au cours de l'été 1989 alors que la France célèbre le bicentenaire de la Révolution.

La Belle Époque du Certificat d’Etudes

Le Certificat d’Études Primaires, premier diplôme exigé pour la titularisation dans les administrations, doit attester que son "impétrant" possède "ce qu'il n'est pas permis d'ignorer", en lecture, écriture, calcul, sciences, mais aussi vie pratique. Les candidats reçus à l’examen sont 14,8% en 1882, ils seront 35% en 1907. Exemples d’épreuves écrites à l’examen de 1900 : Problèmes : Un ouvrier dépense 52,50 F par mois pour sa nourriture, 14 F par mois pour son entretien, 72 F par an pour frais divers. Il place 108 F par semestre à la Caisse d'Épargne. Combien gagne-t-il annuellement ? Dans combien d'années pourra-t-il acheter, avec ses économies, une maison estimée 2 052 F ? Rédaction : Quelques jours avant la révision, un jeune conscrit s'est mutilé volontairement. Dans une lettre à un ami, racontez le fait et votre indignation inspirée par une telle faute.  Épreuves orales : analyse grammaticale : « Le petit agneau suit de loin sa mère, et court au devant d’elle ». Citez une locution adverbiale, une locution prépositive. Quelle est la nature des propositions de cette phrase ? Épreuves d’arithmétique et de système métrique (on veut ainsi lutter contre les vieux réflexes à parler en livre ou en once). Histoire : Pendant la funeste guerre de 70, quelle victoire importante remporte l'armée de la Loire ? Qu'est-ce qui l'empêche de marcher sur Paris et peut-être de sauver la France ? Si le gouvernement de Défense nationale n'a pu sauver la patrie, qu'a-t-il au moins sauvegardé ? Suivent la Géographie, Leçons de choses, selon les régions : agriculture et horticulture. Morale : Que faut-il faire pour remplir vos devoirs envers votre âme ? (ne pas oublier la laïcité et l’anticléricalisme de l’époque). Instruction civique et droit usuel : Quels sont les cultes reconnus et subventionnés par l'État ? Qu'est-ce qu'un vice rédhibitoire ? (idem que la question précédente). Suivent ensuite une épreuve de Chant, une autre de gymnastique et pour les filles, d’économie domestique avec des questions du style : Où est la place de la bonne ménagère ? En quoi bavardages et cancans sont-ils nuisibles ? ou encore : Comment se fait la lessive à la cendre ? Parlez des lessiveuses économiques.

Gérard Conreur pour France Culture 6 juillet 2010