Carte de Cassini, détails sur Saint-Denis.
Saint-Denis est le premier
évêque de Paris. Persécuté par les Romains, il est finalement décapité. Il
aurait alors, dit-on, ramasser sa tête et parcouru plusieurs kilomètres avant
de s’effondrer. A l’endroit où il tomba fut édifiée la
basilique-cathédrale qui
porte son nom. Elle devait accueillir tous les fidèles en pèlerinage à la suite
de ce miracle. La basilique est aussi la
nécropole des rois de France, un
endroit passionnant que les soubresauts de l’Histoire ont parfois malmené.
Retour sur des siècles d’histoire.
On ne sait pas grand-chose
de Saint-Denis mais selon l’hypothèse la plus crédible, il aurait été envoyé en
France au
IIIème siècle pour évangéliser le pays. Devant le nombre de
conversions obtenus, les prêtres d’autres religions s’en seraient inquiétés
auprès de Rome qui aurait envoyé des troupes à Paris. Denis, ses deux compagnons et plusieurs chrétiens
seront alors arrêtés mais malgré la torture, devant leur refus de se soumettre à
l’autorité romaine, ils seront chassés de la cité et conduits en direction de la
butte Montmartre, bien loin hors de la ville, où ils seront exécutés face au temple de
Mercure situé à son sommet. Mais les légionnaires n’auraient pas attendu
d’atteindre
Montmartre dont la pente est rude pour décapiter les prisonniers. A
hauteur de notre actuel 18ème arrondissement, ils sortent leurs glaives. C’est là
où Denis aurait ramassé sa tête et guidé par un ange, aurait poursuivi sa
route durant six kilomètres avant de s’effondrer là où on construira plus tard
une basilique.
Louis XVI et Marie Antoinette à Saint-Denis ©Radio France
Le site religieux de
Saint-Denis est très ancien. On y aurait trouvé un cimetière gallo-romain datant
du
Bas-Empire romain et donc à l’époque où aurait vécu l’évêque de Saint-Denis
dont la mort est mentionnée autour de
250, époque de
christianisation de la Gaule. Après la construction
d’une église par
Sainte-Geneviève, sur les lieux où reposerait Saint-Denis,
l’église va être agrandie et devenir sous
Dagobert 1er et par le
fait de sa propre inhumation une nécropole royale tant la ferveur envers le
premier évêque et martyr de Lutèce était grande. De siècle en siècle, l’église,
l’abbatiale, l’abbaye la basilique puis la cathédrale (depuis 1966) va
connaître des transformations et des fortunes diverses. Elle est véritablement
un endroit privilégié où s’écrit l’histoire de France y compris durant les
jours les plus sombres de la
Révolution française.
Ainsi en est-il de la
profanation des tombeaux des rois de France, de leurs destructions même, non
seulement à Saint-Denis, mais aussi dans toute l’étendue de la république. La
profanation présente un aspect prétendument scientifique : on veut observer
l’état de conservation des corps. On affiche aussi une volonté patriotique de
récupérer dans les tombeaux ce qui peut l'être au nom de la république : le
plomb de certains cercueils pour en faire des balles mais plus sûrement bien
sûr les objets de grande valeur. Enfin, c’est le grand exutoire pour les uns, le grand
défoulement, la grande attraction pour les autres. Ainsi le corps d’
Henri IV
est si bien conservé qu’il sera exposé debout dans la rue à vue de tous les
passants qui, au passage, lui briseront une jambe et un bras et lui arracheront
même ses moustaches dans la bonne humeur et pour se faire des blagues… La
dépouille du vert galant sera jetée ensuite à la fosse commune avec tous les
autres souverains. Lorsque
Louis XVIII fera procéder à des fouilles dans cette
fosse commune en
1817, plusieurs cadavres royaux apparaitront avoir été
« décapités » en 1793. Ainsi
Louis XIII, dit le Juste mais aussi, son père, ce
bon roi Henri IV dont la tête non retrouvée dans la fosse commune ne fut pas perdue pour tout le
monde : achetée auprès d’un fossoyeur durant les profanations de 1793 puis
cédée un siècle plus tard à un artiste peintre parisien puis à un photographe
breton avant d’être proposée au Musée du Louvre en
1947 qui refusa de
l’acquérir. Depuis elle a, à nouveau, disparu...
Et puis, coup de théâtre ces jours-ci :
On a retrouvé la tête d’Henri IV !!!
Evidemment la basilique
aussi a souffert dans ses pierres, ses vitraux, ses ornements religieux , de la
période révolutionnaire et a subi des dommages irréparables à l’exemple de gisants
datant parfois du Moyen âge sérieusement endommagés. Durant le
XIXème des
restaurations mal conduites et la foudre en
1837 vont menacer la basilique. En
1846,
Eugène Viollet-le-Duc reprend complètement en main l’édifice, gomme des
restaurations inappropriées et sauve la basilique. Il va en particulier faire
procéder au démontage de la tour Nord dont la flèche avait été incendiée par la
foudre. Mal reconstruite la tour risquait de s’effondrer.
Aspects anciens de Saint-Denis ©DR
Aujourd’hui, la
basilique
cathédrale de Saint-Denis reste l’un des monuments parmi les plus attachants de
l’Ile de France et mérite bien que l’on s’y arrête.
Gérard Conreur pour France Culture, 13 décembre 2010